;
WEB SIDE STORIES- Site personnel de Guy DERIDET
Web Side Storie
WEB SIDE STORIES

«L'avenir n'est plus ce qu'il était» [Paul Valéry]



Santé publique : quand le gouvernement soigne le mal par le mal

La récente annonce du gouvernement français de réduire de 5 milliards d'euros les dépenses de santé pour 2026 soulève des questions fondamentales sur la cohérence de nos politiques publiques. Cette mesure, présentée comme une nécessité budgétaire, révèle en réalité une approche contradictoire. Une approche qui s'attaque aux symptômes plutôt qu'aux causes véritables de l'explosion des coûts de santé.



Image l'Humanité + Flux Kontext
Image l'Humanité + Flux Kontext

Un système social en première ligne

Il convient d'abord de rappeler une réalité souvent occultée : en France, le système de sécurité sociale est géré paritairement par les représentants des salariés et des employeurs, non par l'État.

Son budget, considérablement plus important que celui de l'État lui-même, finance l'essentiel de notre protection sociale.

Or, c'est précisément sur ce budget que le gouvernement entend faire porter ses efforts d'économies.

Notamment en réduisant les indemnités journalières de maladie et en supprimant des postes dans la fonction publique hospitalière.

Les vraies causes de l'augmentation des coûts de santé

Plusieurs facteurs expliquent la hausse mécanique des dépenses de santé en France :

Le vieillissement démographique

Avec une population de plus en plus âgée ces coûts de santé augmentent naturellement.

Cette évolution démographique était prévisible.

Elle aurait dû être anticipée dans les politiques publiques.

La pollution environnementale

Les coûts sanitaires de la pollution représentent plusieurs milliards d'euros annuels.

Maladies respiratoires, cancers, pathologies cardiovasculaires : la facture de décennies d'inaction environnementale pèse lourdement sur les comptes sociaux.

L'alimentation industrielle

Le coût des maladies chroniques liées à une alimentation de mauvaise qualité se chiffre également en milliards d'euros.

Diabète, obésité, maladies cardiovasculaires : l'addition est lourde.

L'incohérence des politiques gouvernementales

Le paradoxe est saisissant.

D'un côté, le gouvernement réduit les ressources de la sécurité sociale en diminuant les cotisations patronales (au nom de la compétitivité).

De l'autre, il s'étonne de la hausse des déficits et propose de limiter les dépenses.

Cette approche révèle une méconnaissance profonde du fonctionnement du système social français.

Plutôt que de s'attaquer aux causes environnementales et alimentaires qui génèrent ces surcoûts, on préfère pénaliser les malades.

Et fragiliser davantage un système hospitalier déjà sous tension.

Le scandale des 211 milliards d'aides aux entreprises

Un récent rapport de la commission d'enquête sénatoriale révèle une réalité stupéfiante.

En 2023, l'État français a distribué 211 milliards d'euros d'aides publiques aux entreprises.

Ce montant colossal comprend les subventions directes, les aides de Bpifrance, les dépenses fiscales et les allègements de cotisations sociales.

Principalement au bénéfice des grandes entreprises.

L'angle mort du débat budgétaire

Face à ce constat, le scandale devient évident.

Dans le projet gouvernemental de réduction des dépenses publiques, pas un centime n'est demandé aux entreprises.

Aucune réduction des aides publiques n'est envisagée pour contribuer à la résorption du déficit public.

Une logique antidémocratique

Cette situation est d'autant plus choquante que nous évoluons, en principe, dans une démocratie. Non dans un État totalitaire. Or, l'argent public est systématiquement orienté vers le secteur privé, sans contreparties ni évaluation.

Les sénateurs dénoncent l'absence de transparence et d'évaluation de ces dispositifs d'aide.

Ne pas puiser dans ce "gouffre" de 211 milliards d'euros pour réduire le déficit public, tout en s'attaquant à la protection sociale des plus vulnérables, relève de l'indignité politique.

Pour une approche cohérente de la santé publique

Une politique de santé cohérente devrait :

Investir dans la prévention : lutter contre la pollution, promouvoir une alimentation saine, développer les transports en commun.

Renforcer les moyens hospitaliers plutôt que de les réduire.

Rééquilibrer les aides publiques en conditionnant les 211 milliards d'euros d'aides aux entreprises à des critères sociaux et environnementaux stricts.

Cesser de fragiliser le financement de la sécurité sociale par des baisses de cotisations non compensées.

Conclusion

La santé publique ne se résume pas à la gestion comptable des hôpitaux.

Elle exige une vision globale qui prenne en compte les déterminants sociaux et environnementaux de la santé.

Réduire les dépenses de santé tout en maintenant les causes de leur augmentation et en distribuant massivement l'argent public aux entreprises sans contreparties n'est pas seulement inefficace.

C'est un déni de responsabilité politique qui fait peser sur les plus fragiles le poids des incohérences gouvernementales.

Il est temps de replacer l'humain au centre des priorités budgétaires et de questionner sérieusement l'attribution de ces 211 milliards d'euros annuels aux entreprises.

Véritable angle mort du débat sur les finances publiques françaises.


Jeudi 31 Juillet 2025

Lu 324 fois

Nouveau commentaire :
Twitter

1 2 3 4 5 » ... 32

Mode d'emploi de ce site | Edito | Humour | Santé | Intelligence Artificielle | Covid-19 | Informatique | Sexualité | Politique | Coup de gueule | Coup de coeur | Voyages | Divers | Télécoms | Ordiphones | Musique | Archives | Dernières nouvelles | Bons plans | Belles annonces | Environnement | Partenaires