
Résumé par NotebookLM
Cette vidéo explore les pratiques choquantes de l'industrie pharmaceutique, notamment le "façonnage de maladie" (ou disease mongering). L'objectif principal de ces laboratoires est de vendre toujours plus de médicaments, ce qu'ils atteignent en créant de toutes pièces des maladies ou en étendant le périmètre de pathologies existantes.
Le Façonnage de Maladie (Disease Mongering) Le "façonnage de maladie" consiste à prendre des éléments réels de troubles ou de maladies qui affectent un petit nombre de personnes, à les regrouper, à les amplifier et à les "gonfler" pour faire croire qu'il s'agit d'un problème grave et répandu.
L'industrie cherche à façonner la perception même de la maladie chez les gens, les incitant à penser qu'ils pourraient être victimes de ces affections mal définies. Cette stratégie vise à transformer des personnes en bonne santé en "malades" pour élargir le marché des médicaments.
Marcia Angel, ancienne directrice du New England Journal of Medicine, affirme que les laboratoires gagnent plus d'argent en promouvant des maladies qui touchent presque tout le monde, souvent des maladies mal définies ou des caractéristiques de la vie normale, plutôt qu'en développant des médicaments pour des maladies graves mais moins courantes.
La vidéo illustre ce concept à travers plusieurs exemples :
1. Le Trouble Dysphorique du Lundi Matin (TDLM) En guise d'introduction, la vidéo présente le "Trouble Dysphorique du Lundi Matin" (TDLM) comme une maladie fictive. Décrit avec des symptômes tels que l'irritabilité, la baisse d'énergie, le repli social et les céphalées, et présenté comme touchant deux adultes sur trois, ce faux diagnostic est immédiatement suivi de la promotion d'un faux médicament, "Antiflémix 20 mg", pour montrer à quel point il est facile de faire croire à une nouvelle pathologie et d'inciter à l'achat de médicaments.
2. Le Syndrome Métabolique (ou Syndrome de la Bedaine) Un exemple concret de façonnage de maladie est le "syndrome de la bedaine", plus scientifiquement appelé "syndrome métabolique".
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Promotion de la maladie : En mars 2008, une vaste campagne de communication a été lancée pour présenter le "syndrome de la bedaine" comme une nouvelle maladie dangereuse liée au surpoids, associée au diabète, à l'hypertension et au cholestérol, et nécessitant un traitement rapide pour éviter les risques cardiovasculaires. Le Dr Boris Ancel, endocrinologue, a été un ardent promoteur de ce syndrome, dirigeant même une unité dédiée à son éradication et apparaissant à la télévision et sur son site web pour en faire la promotion. Le professeur Jean-Pierre Després, présenté comme le "découvreur de la maladie", a également fait la promotion du syndrome et de la molécule associée.
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Le médicament Accomplia : Sanofi a développé l'Accomplia (principe actif : rimonabant) en 1995, le positionnant comme un traitement contre l'obésité, le surpoids, l'hypertension, le diabète et le cholestérol – soit tous les symptômes du syndrome métabolique. Une campagne de communication mondiale a présenté l'Accomplia comme un "médicament miracle" agissant sur le poids, le cholestérol, le tour de taille et même le sevrage tabagique.
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Contestation et risques : Des experts comme la revue indépendante Prescrire ont dénoncé dès 2006 le syndrome métabolique comme une "esbrouffe scientifique", le décrivant comme une simple association de troubles mineurs sans danger accru. L'épidémiologiste Andrew Mente et le professeur Philippe Even ont confirmé que le syndrome n'était rien d'autre que l'hypertension, le cholestérol, le diabète et le surpoids – quatre maladies déjà connues – et que les risques ne s'ajoutaient pas. Traiter quatre maladies sous le nom d'un syndrome global a été qualifié d'escroquerie.
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Effets secondaires graves : Malgré les affirmations des laboratoires, l'Accomplia a provoqué de graves effets secondaires, notamment des troubles psychiatriques, des dépressions, des tendances suicidaires et même 10 décès (dont 4 par suicide) en moins de 18 mois en France.
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Ruth Trojman, une patiente, a décrit des angoisses et une dépression sévères après quelques jours de traitement. Il a été révélé que Sanofi était au courant de la gravité de ces effets secondaires dès les essais cliniques, selon une étude publiée dans The Lancet, montrant que les patients sous Accomplia étaient deux fois et demie plus nombreux à abandonner les tests en raison de la dépression que ceux sous placebo.
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L'Agence européenne du médicament (EMA) a autorisé le médicament en 2006, mais l'a suspendu un an et demi après son lancement face à l'ampleur des effets secondaires, interdiction qui a été généralisée. Le Dr Eichler, de l'EMA, a admis une "erreur" de l'agence pour avoir rendu un document sur les essais cliniques entièrement censuré, initialement demandé par la revue Prescrire.
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Liens financiers et instrumentalisation : Le professeur Jean-Pierre Després aurait perçu 15 millions de dollars de Sanofi pour financer une fondation dédiée au syndrome de la bedaine, bien qu'il ait ensuite exprimé des regrets sur la manière dont ses travaux ont été utilisés.
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Le Dr Boris Ancel a également eu des liens financiers avec Sanofi, recevant 23 000 euros pour ses travaux, un prix pour son site internet financé par Sanofi, et bénéficiant du parrainage de Sanofi pour une thèse et des formations. Les médecins sont parfois instrumentalisés par les firmes pharmaceutiques, se persuadant de la véracité du discours qu'ils tiennent pour promouvoir un médicament. Le Dr Ancel a fini par admettre que Sanofi avait "profité" de lui pour promouvoir le syndrome métabolique et indirectement son médicament.
3. L'Ostéoporose L'ostéoporose est présentée comme un autre exemple de façonnage de maladie.
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Peur et définition : La maladie est présentée comme une "maladie silencieuse" qui fragilise les os, avec des spots d'information télévisés utilisant des chiffres effrayants ("une femme sur trois sera atteinte", "fractures fatales") pour générer de l'angoisse.
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Cependant, la vidéo questionne si le vieillissement des os devrait être considéré comme une maladie, tout comme les rides ne le sont pas. L'ostéoporose est en réalité un facteur de risque de fracture, mais elle a été vendue comme une maladie à traiter. La définition arbitraire de l'ostéoporose, basée sur la densité osseuse d'une femme de 30 ans, a eu pour conséquence de classer un grand nombre de femmes plus âgées comme "anormales" et donc malades.
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Le médicament Fosamax : Merck a commercialisé le Fosamax en 1995 pour traiter l'ostéoporose. Shirley Bowles, une patiente, a pris ce médicament pendant 8 ans et a développé une nécrose de la mâchoire, un effet secondaire grave qui a conduit à sa mort. Son avocat a découvert des e-mails compromettants suggérant que Merck aurait manipulé des études et refusé d'approfondir la recherche sur les liens entre le Fosamax et la nécrose de la mâchoire. Merck a été condamné à verser 1,5 million de dollars à Shirley Bowles.
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Efficacité exagérée et risques sous-estimés : Merck a affirmé que le Fosamax réduisait de 51% le risque de fracture de la hanche, un chiffre repris par l’A.N.S.M (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) qui s'appuyait sur les études du laboratoire lui-même. Cependant, une étude de la FDA (Agence américaine) a révélé que le risque naturel de fracture est minime (2%), et que le Fosamax le réduisait de 2% à seulement 1%, une efficacité "toute relative". De plus, le médicament pourrait devenir dangereux après 3 ans de traitement. Le risque de nécrose de la mâchoire, selon l'Association américaine des dentistes, est de 1 sur 23 (environ 4%), soit 6000 fois plus que le chiffre officiel avancé par Merck (1 sur 50 000 ou 1 sur 100 000) et repris parl’A.N.S.M.
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Manque de transparence et liens d'intérêts : Merck a refusé les demandes d'interview de l'équipe de production, évitant de répondre aux questions sur les effets secondaires. Des spécialistes de l'ostéoporose, comme le professeur Christian Roux, ont des liens financiers avec de multiples laboratoires pharmaceutiques produisant des médicaments contre l'ostéoporose (Merck, Servier, Lili, Amgen, Novartis, Wyatt, Roche). Ces laboratoires financent des campagnes d'information et des brochures, qui, bien que prétendant une "liberté éditoriale", omettent des informations cruciales sur les effets secondaires graves comme l'ostéonécrose de la mâchoire.
Conclusion Le reportage souligne une perte de confiance du public envers les médecins et l'industrie pharmaceutique, particulièrement après des scandales comme celui du Mediator. L'Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) a rapporté que les laboratoires dépensaient 25 000 euros par an et par médecin pour les influencer.
L'objectif des firmes pharmaceutiques est de considérer qu'il n'existe que deux groupes de personnes : "ceux qui sont malades et ceux qui ne le savent pas encore". La vidéo dépeint une industrie où le doute bénéficie traditionnellement aux médicaments, même face à des signes alarmants. Merck, malgré les condamnations et les plaintes, continue d'affirmer l'efficacité de son médicament.
N.D.L.R
Vous trouverez un fichier sonore Wav, joint à cet cet article, contenant un podcast de NotebookLM sur ce sujet.
