
Le lien vers l'article de the Conversation
La biologie nous joue des tours
Même lorsqu’un régime semble fonctionner, la victoire est rarement durable. Notre corps se rebiffe : il baisse sa dépense énergétique et augmente la production d’hormones de la faim (la fameuse ghréline). Ce mécanisme, appelé adaptation métabolique, est un héritage de nos ancêtres, taillés pour survivre aux famines. Résultat : la reprise de poids est presque la règle, pas l’exception.
La volonté, un mythe encombrant
Certains maintiennent leur poids avec une facilité agaçante, d’autres rament en permanence. La différence ne se résume pas au courage. La génétique influence le métabolisme, la sensation de satiété, la vitesse à laquelle on brûle les calories. L’environnement social compte tout autant : avoir le temps, l’argent et les infrastructures pour manger équilibré et bouger n’est pas donné à tout le monde. Réduire la question à un déficit de volonté, c’est alimenter la stigmatisation… et empirer les choses.
Une calorie n’est pas toujours une calorie
Compter les calories peut sembler rassurant, mais la réalité est plus subtile. Nos besoins varient d’un jour à l’autre, et notre organisme ne traite pas toutes les calories de la même façon. Un biscuit et un œuf à la coque affichent parfois la même valeur énergétique, mais leurs effets sur la faim, la digestion et l’énergie n’ont rien à voir. Mieux vaut viser la qualité des aliments que jouer aux mathématiques de cuisine.
L’exercice : utile, mais pas magique
Bouger est excellent pour le cœur, les muscles, le mental, les os. Mais croire que courir deux fois plus fera fondre deux fois plus de kilos est une illusion. Le corps compense en réduisant d’autres dépenses énergétiques ou en augmentant l’appétit. En clair : l’activité physique améliore la santé, mais ce n’est pas une baguette magique minceur.
La santé, bien plus qu’un chiffre sur la balance
Perdre du poids peut réduire certains risques (cancers, maladies cardiovasculaires), mais ce n’est pas une condition sine qua non pour être en meilleure santé. Manger mieux, marcher davantage, dormir correctement, réduire le stress : autant d’habitudes qui améliorent tension, cholestérol ou glycémie, même sans changement sur la balance. Le poids n’est qu’une pièce du puzzle. La santé est une symphonie.
Mon expérience personnelle
Les problèmes de poids, je connais. En 1996-1998, je pesais jusqu’à 95 kg pour 1,80 m. Cette prise de poids remontait à mon long séjour aux Antilles, de 1978 à 1992. J’y ai découvert les plaisirs liquides du Ti’ Punch, du rhum et du Ricard, inconnus pour moi avant. Résultat : j’ai accumulé des kilos sans même m’en rendre compte.
En 1996, j’ai été nommé à La Réunion. Mon épouse de l’époque a d’abord refusé de me suivre, puis est repartie en métropole au bout d’un an. Je me suis donc retrouvé célibataire à La Réunion, découvrant une cuisine délicieuse et des restaurants où je me suis fait plaisir sans retenue. En 1998, je culminais à 95 kg.
Ensuite, j’ai connu le classique effet « yo-yo » : quelques kilos perdus, aussitôt repris. Jusqu’à mes 70 ans, où j’ai découvert le jeûne intermittent, devenu aujourd’hui bien connu et dont j’ai souvent parlé sur ce site (tapez « régime intermittent » dans le moteur de recherche).
Ce régime a littéralement rétabli mon métabolisme. Pas en un jour, mais progressivement. Aujourd’hui, à 78 ans, je pèse 68 kg. Mon poids est stable depuis une dizaine d’années, avec de légères variations de quelques grammes seulement. J’ai même dû arrêter le jeûne intermittent récemment, car je devenais trop mince.
J’ai amélioré mon alimentation en parallèle : fini les plats industriels du célibataire. J’ai appris à aimer les fruits et légumes, j’ai quasiment supprimé la viande (sauf au restaurant, deux fois par semaine). Mon solide appétit n’a pas disparu, mais mon poids, lui, ne bouge plus.
Bien sûr, il faut rester humble : ce qui fonctionne pour moi ne marche pas nécessairement pour tout le monde. Comme je l’ai écrit plus haut, notre poids dépend d’une combinaison complexe de gènes, d’habitudes et d’histoire personnelle. Mais une chose est sûre : le jeûne intermittent a fait ses preuves. Partout dans le monde, beaucoup de gens ont observé des résultats durables, là où la plupart des régimes finissent par échouer.
Pour ma part, j’ai adopté la formule 16/8 : ne rien manger après 19-20 heures, et ne reprendre qu’après 13 heures le lendemain. Comme une grande partie du jeûne se fait en dormant, c’est beaucoup plus facile qu’il n’y paraît. Et si, au réveil, vous ajoutez un peu d’exercice à jeun, les résultats sont encore plus rapides.
Le but n’est pas de se priver à vie, mais de réinitialiser son métabolisme. Une fois qu’il est stabilisé, les excès ponctuels passent sans conséquence. À condition de ne pas exagérer. J’en ai fait l’expérience : après un gros extra (trop de nourriture et d’alcool), j’ai eu une crise de goutte. Mon corps m’a rappelé à l’ordre. Depuis, je profite encore de bons repas, mais avec modération.
En résumé : à 78 ans, je profite d’une vie saine, d’un poids normal et d’une liberté retrouvée vis-à-vis de la balance. Et croyez-moi, c’est un vrai luxe.
Et, surtout une vraie parade contre le vieillissement et les comorbidités qui nous guettent dès que nous prenons de l'âge.
