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«L'avenir n'est plus ce qu'il était» [Paul Valéry]



Le coup de bonneteau d'Edouard Philippe !

Pour tenter de calmer le jeu, Philippe accepte sous conditions de suspendre l'âge pivot.
A charge, pour les syndicats qui le souhaitent, c'est-à-dire la CFDT et l'UNSA, de trouver l'argent nécessaire à l'équilibre financier du projet de retraite, à l'occasion d'une réunion prévue au mois d'avril.



Le coup de bonneteau d'Edouard Philippe !
C'est une manœuvre grossière et cousue de fil blanc.

D'une part, le projet de loi concernant la réforme des retraites va être voté sans problème au mois de février, vu la majorité dans dispose Macron. Sans savoir, donc ce qu'il adviendra de l'âge pivot puisque que la réunion n'aura lieu qu'au mois d'avril. Philippe croit si peu aux chances de réussite de cette conférence sur l’équilibre financier des retraites qu’il a prévu, si les partenaires se mettent d’accord, de modifier le projet initial “en seconde lecture” au mois d’avril !

D'autre part, si le gouvernement a quelques problèmes pour trouver l'argent nécessaire au financement de cette réforme, ça va être encore beaucoup plus difficile pour les syndicats. Il existe effectivement des centaines de milliards dans les caisses de retraite, dont le fonds créé par Jospin en son temps à cet effet. Mais le gouvernement a déjà averti, aussi catégorique que Francis Blanche dans les Tontons flingueurs : « Touchez pas à mon grisbi ! »

Enfin cette réunion va regrouper les partenaires sociaux c'est-à-dire les représentants des salariés mais aussi les représentants des employeurs. Comme ces représentants des employeurs sont généralement de connivence avec le gouvernement (et avec tout ce que Macron a fait pour eux, ils auraient mauvaise grâce à renâcler) les représentants des salariés, seuls contre tous les autres, auront peu de chance de se faire entendre.

Les Français, et même les spécialistes de ces questions de retraite, se plaignent depuis le début de ne rien comprendre au projet du gouvernement. On serait perplexe à moins ! En effet, on apprend maintenant qu’il existe deux âges pivot !

Le premier âge pivot, qui prendra effet de 2022 à 2027, que Philippe condescend à suspendre mais sous conditions.

Le deuxième, dénommé “âge d’équilibre” qui prendra effet après 2027, et tiendra compte de l’âge moyen de départ à la retraite “constaté” (aujourd’hui c’est 64 ans) et qui évoluera en fonction de l’espérance de vie (que j’appelle espérance de mort et qui n’a rien à voir avec l’espérance de vie en bonne santé).

Précision importante ce : deuxième âge pivot, ne sera pas négociable !

Autrement dit, l’âge pivot, actuellement fixé par la loi, jadis à 60 ans, actuellement à 62 ans ne sera plus fixe mais dépendra des statistiques de l’Insee, organisme gouvernemental donc tout sauf indépendant, je le rappelle. Des aménagements seront possibles pour les travaux dits pénibles, mais dans de telles conditions…qu’il vaudra mieux mourir avant.

Ce qui veut dire que les futurs retraités ne pourront pas savoir, ni maintenant, ni plus tard :

À quel âge ils pourront partir en retraite,

Ni combien ils pourront espérer percevoir à la retraite car cela dépendra de la valeur du point, qui n’est pas fixé pour l’instant mais qui le sera plus tard par une commission entièrement dépendante du gouvernement, comme on vient de l'apprendre dans le document transmis par Philippe.

Alors que je le rappelle, depuis 1946, les montants et les conditions des retraites sont fixées par les partenaires sociaux. Exit les avancées du conseil National de la Résistance et fin en catastrophe d'un système de retraites que le monde enter nous enviait. A l’exception de la Commission Européenne qui par ses « recommandations » (qui sont apparemment des ordres pour la France) poussent depuis des années les États membres à passer aux retraites par capitalisation. Entre autres joyeusetés néo libérales qu'affectionne la dite Commission.

Il va donc se passer ce qui s'est passé déjà avec la réforme de l'assurance chômage, à savoir que les représentants des salariés et des employeurs au cours de la réunion du mois d'avril ont toutes les chances de ne pas se mettre d'accord, et dans ce cas le gouvernement fera passer par la loi, ou plutôt pour “aller plus vite” par ordonnances, comme il en a l'habitude, le projet de réforme des retraites avec les deux âges pivot. Quitte à modifier le premier si par extraordinaire les partenaires sociaux parvenaient à un accord.

Pour l’instant il semble que les syndicats réformistes (CFDT et UNSA) soient satisfaits de ce faux recul du gouvernement. Apparemment ils n’ont rien compris à la manœuvre, pourtant cousue de fil blanc de Philippe. En tout état de cause ils ont toujours fait preuve d'une grande compréhension avec les différents gouvernements,c'est même pour ça qu'on les qualifie (gentiment) de réformistes Il est possible toutefois que la base de ces syndicats ne soit pas tout à fait d’accord avec ses dirigeants. Quant aux autres syndicats ils continueront à demander le retrait pur et simple de la réforme.

Car les problèmes de cette réforme ne se limitent pas à ces deux âges pivot, loin de là :

Le plus important problème, pour les travailleurs, est la prise en compte, pour tout le monde, de l’ensemble de la carrière au lieu des dernières années. Ce qui, le C.O.R l‘a calculé, aboutira automatiquement à une baisse des retraites de 20 à 30% !

Nul besoin d’avoir fait l’ENA pour comprendre cela. La plupart des travailleurs, salariés ou autres, sont plus payés en fin de carrière qu’au début. A l’exception toutefois des salariés payés au SMIC, toute leur carrière. Heureusement, ils ne sont pas encore les plus nombreux. Cette clause défavorise les enseignants notamment, très mal payés, même en fin de carrière et plus généralement tous les fonctionnaires. Dont le point d’indice est de plus bloqué depuis 10 ans !

Si vous n’êtes pas convaincus que les retraites ont, et vont, dramatiquement baisser un seul exemple que je connais bien : en écoutant les enseignants grévistes j’ai appris qu’un agrégé en fin de carrière aujourd’hui percevra une retraite inférieure à la mienne ! Or, j’étais attaché d’administration dans l’Éducation Nationale, ce qui correspondait au grade de professeur certifié, qui a l’époque ne demandait que bac +3,au lieu de bac +5 aujourd’hui. Toutefois le bac d’aujourd'hui n’a rien à voir avec celui que j’ai obtenu dans les années 60. Un seul exemple : à l’époque, dans tous les examens : 5 fautes donnaient lieu à un zéro ! Aujourd’hui, très peu nombreux seraient les candidats, reçus avec une telle barrière.

J’ai bien fait de prendre ma retraite le jour de mes 60 ans, en 2007, juste avant la mise en œuvre du premier âge pivot (malus pour ceux qui prenaient leur retraite à 60 ans, bonus pour ceux qui acceptaient de rester en activité). Alors que j’aurais pu faire 5 ans de plus, avec un traitement à l’époque de 5000 euros (avec les primes). Qui, en revanche n’entrent pas en ligne de compte dans ma retraite. Ce qui ne devrait plus être le cas avec la réforme.

Au final cette universalité que tentent en vain de nous vendre, depuis plus d'un mois, Macron "le gentil" et Philippe "le méchant", ressemble beaucoup plus à un nivellement par le bas.

Ce qui ne surprendra que les Français qui continuent de soutenir Macron (faut-il qu'ils y trouvent leur intérêt !)
et les syndicats réformistes.

À mon humble avis, on est loin d'être sortis de l'auberge !

Dimanche 12 Janvier 2020

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