Derrière ce chiffre colossal — près de 15 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté — se cache une vérité implacable : pour la majorité de ces foyers, l’obstacle principal, celui qui leur retire toute dignité et toute perspective, est le coût exorbitant de l’habitat.
Ce drame est la conséquence d’un double échec : un marché de l’offre défaillant et une tricherie statistique nationale qui, en masquant la réalité, empêche toute action politique à la hauteur du désastre.
Le Fiasco de l'Offre : Exclure pour Construire Cher
L'idée du « choc d'offre », qui consistait à construire massivement pour réguler les prix, est un échec cinglant. La France a certes construit, mais comme l'explique l'analyse de France Culture [https://youtube.com/shorts/4CPHfGg-Tj4?si=jgLfx7H6gvjkyM8j ], elle a privilégié le logement cher au détriment du logement abordable, essentiel dans les zones tendues.
Ce fiasco a des conséquences dramatiques qui dépassent les statistiques directes :
●Les Tanguy Contraints : L’inaccessibilité des loyers et des garanties demandées condamne une partie de la jeunesse à rester au domicile parental, retardant leur autonomie.
●L’Explosion de l’Exclusion : L’incapacité du marché à loger les plus modestes se traduit par le chiffre terrifiant des 330 000 personnes sans domicile, qui inclut non seulement les sans-abri, mais aussi les hébergés contraints dans des solutions d'urgence saturées.
●Le Mal-Logement : Au total, la Fondation pour le Logement des Défavorisés ‘ex fondation Abbé Pierre) estime à plusieurs millions le nombre de personnes victimes de surpeuplement, de précarité énergétique ou d’habitat indigne.
Le Scandale Absolu : 6 % Contre 50 %
Le scandale le plus profond réside dans l'outil de mesure national : l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) de l’INSEE. Cet indice, qui fixe l’inflation et l’indexation des salaires, est biaisé de manière structurelle : il exclut le prix d’achat immobilier et n'accorde aux loyers effectifs qu’une pondération ridicule d'environ 6 %.
Or, cette estimation statistique est en total décalage avec la réalité vécue par les foyers aux revenus les plus bas :
Près de 5 millions de Français, salariés au SMIC, allocataires du RSA, font face à un taux d'effort financier qui atteint ou dépasse 50 % de leurs revenus mensuels pour se loger.
Ce fossé abyssal entre les 6 % statistiques et les 50 % de la réalité des foyers modestes est la clé de la crise du pouvoir d’achat. En minorant officiellement le poids du logement, l’INSEE sous-estime l’inflation réelle et donne l’illusion d’une situation économique plus saine.
Conclusion : La Crise du Logement, Moteur de la Pauvreté
Le logement n'est pas une simple dépense ; c'est un facteur de pauvreté.
Pour les 10 millions de personnes sous le seuil de pauvreté, c'est l'incompressibilité du loyer qui, une fois payé, ne laisse qu’un reste à vivre trop faible pour le reste des dépenses vitales.
Il est donc temps d'admettre que la crise du logement est non seulement un échec des politiques d'offre, mais surtout une triche statistique qui nourrit l’inégalité.
Tant que le véritable poids du logement ne sera pas intégré de manière transparente dans les outils de mesure nationaux, la France continuera de naviguer à l'aveugle face à un problème qui, loin d’être conjoncturel, est le cœur structurel de sa pauvreté.






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