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«L'avenir n'est plus ce qu'il était» [Paul Valéry]



Comment le Luxembourg blanchit l'argent de toute l'Europe


Cette vidéo explique comment le Luxembourg est devenu une plateforme centrale d’optimisation (et parfois de blanchiment) fiscal en Europe, très rentable pour les riches et les multinationales, beaucoup moins pour le citoyen moyen et les finances publiques européennes. MoneyRadar livre encore une fois une analyse éclairante. Cette chaîne réussit le tour de force de financer son décryptage chirurgical des dérives de la finance internationale grâce… aux publicités émanant de ce même secteur. J'adore.



Image : GPT 5.2
Image : GPT 5.2




 


Le résumé

Le décor : un faux « pays le plus riche du monde »

- Petit pays (600 000 habitants, 2 600 km²) mais PIB par habitant record, largement gonflé par 200 000 frontaliers dont la production est comptée dans le PIB sans être dans la population.
 

L’économie repose surtout sur les services aux entreprises et la finance :
 

- fonds d’investissement (plus de 5 000 milliards d’actifs), 

- banques privées, 

- structures d’investissement et de domiciliation de sociétés sans salariés ni bureaux réels.

La machine fiscale luxembourgeoise

- Le Luxembourg a bâti en plusieurs décennies une industrie de l’optimisation fiscale (banques privées, fiscalistes, cabinets d’avocats, Big Four) qui exploite toutes les failles possibles du droit européen.
 

- Outils principaux : 

– holdings qui ne taxent que 50% des dividendes sans prélèvements sociaux,

– exonération totale des plus-values mobilières après 6 mois de détention, 

– absence d’impôt sur la fortune immobilière,

 – structures de type trusts et fondations pour anonymat, 

– transmission et protection du patrimoine.

Assurances-vie luxembourgeoises et protection des gros patrimoines

- Les assurances-vie luxembourgeoises offrent un « triangle de sécurité » (assureur, dépositaire, gestionnaire séparés) et aucune limite de garantie, contrairement à la France (plafond de 70 000 € en cas de faillite).
 

- Elles donnent accès à des fonds inaccessibles en France et deviennent vraiment pertinentes à partir d’environ 500 000 € de patrimoine ou pour les très gros patrimoines (multi-millions), sinon les frais de gestion mangent l’avantage fiscal.

Scandales à répétition : LuxLeaks, LuxLetters, Caritas

- LuxLeaks : des milliers de pages ont révélé des accords fiscaux secrets permettant à des multinationales (Amazon, Apple, IKEA, Disney, etc.) de payer moins de 1% d’impôts malgré un taux officiel de 29%, validés en quelques jours par l’administration.
 

- Après une directive européenne imposant l’échange des rulings, le système se transforme en « Lux Letters » : lettres décrivant les montages, auxquelles l’administration ne répond pas, le silence valant accord implicite et échappant à la transparence.
 

- En 2024, un détournement de 61 millions d’euros au sein de Caritas Luxembourg illustre l’opacité et/ou la faiblesse des contrôles dans ce système financier.

Pour qui le Luxembourg vaut-il vraiment le coup ?

- Pour les salariés : fiscalement, ce n’est avantageux que sous 38 000 € ou au-delà de 150 000 € de revenus annuels, et encore en tenant compte d’un coût du logement extrêmement élevé ; pour les revenus intermédiaires, l’impôt est souvent plus lourd qu’en France.
 

- Pour les rentiers et gros patrimoines (au-delà de 500 000 €), c’est un véritable Eldorado fiscal : économies massives sur dividendes, plus-values et fortune immobilière, surtout pour ceux qui structurent leur patrimoine via holdings, assurances-vie et structures sophistiquées.

Le coût pour l’Europe

- L’optimisation fiscale via le Luxembourg, les Pays-Bas, l’Irlande et Chypre coûterait entre 50 et 70 milliards d’euros par an à l’Union européenne, autant d’argent qui ne finance pas services publics, infrastructures ou politiques communes (dont la guerre en Ukraine).
 

- Le créateur conclut que le Luxembourg n’est pas une anomalie mais le symptôme d’une Europe devenue « paradis fiscal à géométrie variable », très profitable aux riches et aux multinationales, mais problématique pour l’équité fiscale et la collectivité.

Source :

https://www.youtube.com/watch?v=zxQkWE2Fbd4


L’article

Appelons un chat un chat — et un paradis fiscal un paradis fiscal, même quand il porte un costume trois pièces européen.

Dire que le Luxembourg est le paradis fiscal de l’Europe, ce n’est ni une provocation ni une lubie gauchisante. C’est un constat documenté, poli, institutionnel… et parfaitement assumé par le Grand-Duché lui-même, qui préfère parler de « compétitivité fiscale ». La sémantique est une science merveilleuse : avec les bons mots, l’évasion devient optimisation, et l’opacité une discrétion respectable.

Le Luxembourg n’est pas un paradis fiscal classique à la mode des îles Caïmans. Il ne cache pas l’argent sous des palmiers, il le range dans des armoires impeccables, certifiées conformes, auditées par les meilleurs cabinets anglo-saxons. Ici, pas de valises de billets : des holdings, des rulings fiscaux, des sociétés boîtes aux lettres et des taux effectifs qui fondent comme neige au soleil.

Les LuxLeaks ont levé le rideau il y a déjà dix ans. Des centaines d’accords fiscaux secrets, parfaitement légaux, permettant à des multinationales de payer parfois moins de 1 % d’impôt. Pas une bavure, pas un accident : un modèle économique. Quand un pays attire plus de capitaux financiers que d’habitants, ce n’est pas un hasard géographique, c’est une stratégie.

Le plus savoureux, c’est que tout cela se fait au cœur même de l’Union européenne, avec drapeau bleu étoilé à la boutonnière. Pendant que Bruxelles sermonne les États récalcitrants sur la morale budgétaire, le Luxembourg pratique une concurrence fiscale qui assèche les recettes de ses voisins. Le mot est faible : c’est une siphonnage élégant.

Faut-il pour autant diaboliser le Luxembourg ? Pas totalement. Il joue avec les règles telles qu’elles existent. Le vrai scandale n’est pas qu’un petit État les exploite, mais que l’Europe accepte encore cette jungle fiscale interne, où les États se livrent une guerre silencieuse à coups de taux d’imposition et de niches sur mesure. Une Europe où l’on mutualise les dettes, mais pas les impôts, ressemble à un orchestre symphonique sans chef.

Conclusion provisoire, façon Paul Valéry : ce qui est simple est toujours faux, ce qui est compliqué est toujours inutilisable

Le Luxembourg n’est pas seul en cause, mais il est l’exemple chimiquement pur d’un système européen qui prêche la solidarité tout en récompensant l’évitement.

Un paradis fiscal ? Oui. 

Un scandale ? Aussi. 

Un accident ? Absolument pas.

 
 

Mardi 23 Décembre 2025

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