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La réponse de Macron aux gilets jaunes : beaucoup de bruit pour pas grand chose !

Contrairement à ce qui est affirmé dans beaucoup de journaux et d'émissions de radio, les quatre mesures annoncées par Macron ne coûteront pas grand-chose au budget de l'État. Un enfumage de plus qui n'étonnera que ceux qui ont voté pour lui.



La réponse de Macron aux gilets jaunes : beaucoup de bruit pour pas grand chose !
Sources, un article de France Info, commentaires de votre serviteur.

1/Une "augmentation de salaire" pour les travailleurs au SMIC

"Le salaire d'un travailleur au SMIC augmentera de 100 euros par mois dès 2019", a annoncé Emmanuel Macron. Une surprise, à première vue, puisque sa ministre du Travail, Muriel Pénicaud, avait assuré dimanche que le SMIC ne bénéficierait pas de "coup de pouce" supplémentaire par rapport à la revalorisation légale au 1er janvier (environ 1,8%, soit une trentaine d'euros).

Mais le chef de l'Etat a précisé que cette hausse de 100 euros ne serait pas supportée par les employeurs. Il ne s'agit donc pas d'une réelle hausse du SMIC, car c'est l'Etat qui paiera la différence, mais d'une augmentation de la prime d'activité. Or, la prime d’activité ne concerne pas tous les travailleurs au SMIC, loin de là (voir les détails)

L’Elysée a confirmé que ces 100 euros d'augmentation comprenaient les hausses déjà prévues de la prime d'activité (30 euros en avril 2019, 20 euros en octobre 2020 et 20 euros en octobre 2021).

Commentaires : tenter de faire croire aux smicards qu’ils seront augmentés mensuellement de 100 euros est faux. Par ailleurs la prime d’activité n’est pas automatique : il faut remplir les conditions, qui sont nombreuses et précises, et il faut la demander à la Caisse d’Allocations Familiales. Je rappelle qu’un nombre important de personnes en grandes difficultés ne demandent pas les aides auxquelles elles ont droit. En résumé, la mesure qui intéresse le plus les gilets jaunes n’est pas celle qu’on croit. Ça la fiche mal, non ?


2/Des heures supplémentaires défiscalisées dès 2019

Les heures supplémentaires devaient bénéficier d'une exonération de cotisations sociales à partir de septembre 2019. Non seulement cette exonération interviendra dès le mois de janvier, mais les heures supplémentaires seront en outre défiscalisées, c'est-à-dire qu'elles ne seront plus prises en compte dans le calcul de l'impôt sur le revenu. C'est ainsi le retour à un dispositif mis en place par Nicolas Sarkozy, qui avait été supprimé par François Hollande.


Commentaires :
L’exonération des charges sociales c’est le budget de la Sécu qui le financera, et pas l’Etat. Or, si la Sécu a comblé son “trou” annuel (de plus de 10 milliards à une époque ) à 4 milliards selon les derniers chiffres, c’est en rognant tant qu'elle a pu sur les dépenses de santé. Résultats : notre système social de santé, un des meilleurs du monde jadis, est désormais parmi les moins bons d’Europe, et nos hôpitaux particulièrement, sont pour la plupart dans un état lamentable. Ainsi, évidemment, que les personnels chargés de les faire tourner, qui sont tous au bord du burn out.

Autre remarque ; chaque fois que l’Etat accorde des exonérations de charges sociales (salariales ou patronales) il est censé les rembourser à la Sécu. Or, le plus grand débiteur de la Sécu, depuis toujours et encore aujourd’hui, c’est l’Etat !

L’Etat assumera seulement l’exonération fiscale.

Commentaires : Par le passé cette mesure s’est révélée très onéreuse pour l’Etat. C’était le “travailler plus pour gagner plus” de Sarkozy. Les français, loin d’être les fainéants vilipendés par les plus riches de ce pays, se sont jetés sur cette mesure, et ont fait beaucoup d’heures supplémentaires. Ce qui a entraîné certes une amélioration du pouvoir d’achat pour ceux qui acceptent de faire des heures supplémentaires, mais aussi deux effets collatéraux très préjudiciables :

1/ l’Etat a perdu beaucoup de ressources fiscales, mais plus grave,
2/ Les entreprises, qui n’ont jamais été des œuvres caritatives ont moins embauché, et c’est le chômage qui a trinqué.

Au final, cette mesure, si elle va permettre effectivement à ceux qui vont “travailler plus” de “gagner plus” va avoir également pour effet de dégrader encore plus notre système de santé. Elle va également impacter négativement le taux de chômage en France. Qui n’avait pas besoin de cela. Elle va également impacter les dépenses de l’Etat, ce qui va l’amener immanquablement à rogner sur d’autres dépenses. Effet positif de la crise des gilets jaunes, Macron ne pourra plus taper sur les dépenses sociales. Va-t-il enfin se résigner à taper sur les moins pauvres ? Rien n’est moins sûr.

3/Une prime de fin d'année pour les salariés

Le chef de l'Etat a demandé "à tous les employeurs qui le peuvent de verser une prime de fin d'année" à leurs salariés. Cette prime ne sera pas soumise aux cotisations sociales et ne sera pas imposable. L'Elysée a précisé qu'il s'agit bien d'une prime exceptionnelle (qui ne pourra donc pas être versée les années suivantes) et que les fonctionnaires ne bénéficieront pas de cette prime.

Cette prime est donc facultative. Elle dépend donc du bon vouloir des entreprises. Ce qui va créer des inégalités supplémentaires.

4/La hausse de la CSG annulée pour les retraités modestes

C'est également l'un des points sur lesquels le gouvernement disait ne pas vouloir revenir. La hausse de la CSG sur les pensions de retraite, qui est passée de 6,6% à 8,3% au 1er janvier 2018, va être annulée pour les revenus de moins de 2 000 euros, a annoncé le chef de l'Etat. L'Elysée précise que ce plafond concerne un célibataire. Le plafond en dessous duquel un couple de retraités sera exonéré de hausse sera de 3500 euros ( et non 4000 (!)

Commentaires : la CSG avait été augmenté effectivement de 1,7 points, ce que le gouvernement n’a pas cessé de nous rappeler.

En omettant de préciser que 1,7 point d’augmentation (8,3%-6,6%) cela représente une augmentation de presque 26 % (1,7/6,6=25,75%) !

La plupart des gens n’ont rien compris à cette vicieuse nuance et continuent d’affirmer comme je l’ai entendu encore aujourd'hui dans la bouche du représentant de la plus importante organisation de retraités, et il y a quelques jours dans la bouche de la responsable de la section économique de la France Info, que la CSG a été augmentée de 1,7 % !

Evidemment : 1,7 % ou 26%, ce n’est pas du tout la même chose.

Tant que nous sommes dans le registre des retraités je rappelle également que supprimer l’indexation des retraites sur le coût de la vie, c’est du vol organisé de la part de l’Etat.

Je m’explique : pendant très longtemps les retraites étaient indexées sur le coût de la vie. Cela ne coûtait rien de plus à l’ l’Etat, d’autant que cette augmentation du coût de la vie, calculée par l'Insee, organisme gouvernemental, est largement minorée par rapport à l’augmentation réelle du coût de la vie. D'un autre côté, depuis plusieurs années l'augmentation du coût de la vie (l’inflation) était faible. Ce n’est plus vrai désormais, pour 2018, l’inflation sera de 2%.

Le gel de l’indexation est tout bénéfice pour l’ETAT.


Un manque à gagner de 2%, pour un retraité à 1400 euros brut par mois, ça représente 336 euros de moins par an. Ce n’est pas rien.

Il y a en France 14,3 millions de retraités du service général
Plus 5,5 millions de retraités fonctionnaires

L’économie due au gel de l’indexation, est de : (1400*20)* 2/100 =560 millions d’euros, chaque année.

C’est beaucoup d’argent, et sans rien faire de plus, pour l’Etat !

Concernant le chiffrage de ces mesures


Ces mesures, avec le gel de la taxe carbone, représenteraient une dépense d’environ 10 milliards supplémentaires pour le budget de l’Etat 2019.

Mais dans le détail :

Les 100 euros sont financés par les Caisse d'Allocations Familiales, c'est-à-dire le budget de la Sécu

L'exonération des charges sociales des heures supplémentaires : manque à gagner pour le budget de la Sécu

Prime de fin d'année : financée par les entreprises

Annulation de l'augmentation de la CSG : manque à gagner pour les URSSAF, donc le budget de la Sécu

Ne reste finalement à la charge de l'Etat que l'exonération fiscale des heures supplémentaires. Et encore de façon indirecte, puisque c'est un manque à gagner et pas une dépense. Estimée à 2 milliards.

Donc, effectivement ces quatre mesures vont coûter au budget de l'Etat : 2 milliards et non 8, 10, voire 15 milliards comme j'ai pu l'entendre.

Ce qui veut dire :

  • que les soi-disant cadeaux de Macron aux gilets jaunes ne coûteront pas cher au budget de l'Etat. Encore un enfumage comme il les aime tant.

  • que c'est très peu par rapport au 20 milliards accordés chaque année aux entreprises depuis cinq ans.

  • que tous ceux qui répètent partout que cela va coûter 5 ou 7 fois par plus soit en savent pas compte, soit nous racontent sciemment des balivernes. Au final cela coûtera beaucoup plus cher au budget de la Sécu.

A cet égard, il nous faut vraiment oublier le "trou de la sécu" : En effet, personne n'en parle, mais la Sécu est à l'équilibre et va même être largement excédentaire dans les années qui viennent ! Ce qui excite les convoitises aux plus hauts niveaux de l'Etat. C'est ce que Macron qualifiait de "700 milliards : pognon de dingues " Il oubliait de préciser que l'Etat va être le premier à profiter, dès l'année prochaine, de ce pognon de dingues. Sauf que vu l'état lamentable de notre système de santé ce pognon devrait rester à la Sécu pour servir à remettre en état nos hôpitaux délabrés et mieux soigner les français.

Dès 2019, en transformant le C.I.C.E en allègement de charges sociales pour les entreprises, l'Etat va priver le budget de la Sécurité Sociale de 26 milliards de ressources ! Et ceci tous les ans évidemment. Excusez du peu.

Juste pour rire (jaune) :

L'idée du CICE voit le jour dans le Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi présenté par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault le 6 novembre 2012 après la remise du « Rapport sur la compétitivité française » : ce projet est issu du travail du « groupe de la Rotonde » dans le cadre des mesures de « choc de compétitivité » b[et l'un des principaux artisans en serait Emmanuel Macron. Le CICE est entré en vigueur le 1er janvier 2013.

Pour info, extrait du site de Force-ouvriere.fr, un syndicat loin d’être révolutionnaire :

"Ces 40 milliards pour 2019 comprennent la note notamment pour 2018 du CICE, qui n’est pas comptabilisé l’année même, soit quelque 20 milliards, auxquels s’ajoutent 20 autres milliards pour l’allègement des charges patronales, qui remplace le... CICE, mais s’applique, lui, de suite. Un remplacement appelé la « bascule du CICE » mais surtout un cumul particulièrement pesant. Un trou faramineux, sans compter la perte de recettes pour les assurances sociales, qu’il faudra bien combler à coup de rabots dans principalement, et au hasard, les dépenses publiques et à grand renfort de gel de diverses prestations sociales. Le CICE ? Une mesure au coût prohibitif souffrant cruellement d’une absence de ciblage et de conditionnalité sur la création d’emplois, déplorait déjà en septembre 2016 Pascal Pavageau, alors secrétaire confédéral du secteur économie de FO. La note s’est encore alourdie."

Commentaires : Macron, le créateur du C.I.CE, et son équipe vont passer leur temps à clamer qu’avec ce que va coûter la crise des gilets jaunes, l’Etat ne va pas s'en sortir, et qu’il risquerait même de se faire gronder par l'Europe pour dépassement du seuil fatidique des 3 %. Mais ils ne voient aucun problème en revanche à verser 20 milliards chaque année depuis 2013, pour rien, aux entreprises sous forme d'allègement fiscal.

Depuis sa création du Cice, et bien avant, les aides attribuées aux entreprises non jamais servi à rien puisque le taux de chômage presque à 10 %, n'a guère varié. En revanche les grandes entreprises se portent comme des charmes et peuvent choyer chaque année leurs actionnaires, ces français qui gagne de l'argent en dormant.

A noter que Macron refuse toujours obstinément de cesser de faire des cadeaux aux grandes entreprises et aux riches:

  • L’I.S.F ne sera pas rétablie
  • Il ne touchera pas au C.I.CE,
son “bébé” qui n’a pas dû être pour rien dans les relations “amicales” que Macron entretient avec les grandes entreprises et les riches.

L'économie qu'on appelait autrefois politique, mais comme par hasard le terme de politique a disparu, n'est pas une science exacte. C'est avant tout une question de choix et donc une question de politique. La politique ultralibérale, on a vu ce que ça donne depuis des décennies et particulièrement depuis l'élection de Macron.

A l'heure du triomphe des nouvelles technologies, il est grand temps de changer de logiciel.

Les mesurettes de Monsieur Macron, si elles ne sont pas accompagnées d'un changement profond de sa politique ne serviront à rien.

Il faut changer radicalement de paradigme et commencer enfin à faire autant d'efforts pour les Français défavorisés qu'on en a fait depuis des années pour les entreprises et les plus riches d'entre nous. Autrement dit, mettre en application le “en même temps” cher à Macron.

Malheureusement, je pense que Macron n'est certainement pas celui qui sera capable d'opérer ce changement. Depuis 18 mois il a prouvé tous les jours qu'il préfère favoriser les riches plutôt que ceux qui ne sont pas riches. Même au plus profond de la crise, il n’a pas cédé sur ce point là.

Il doit laisser sa place.

De toute façon, s'il ne le fait pas, la France est partie pour des galères avec gilets jaunes dans les rues tous les weekends, pendant des mois.

Les plus riches des Français, comme les entreprises, ne le supporteront pas car sans des salariés qui travaillent et des commerces qui tournent bien, elles ne sont plus rien. Elles feront donc en sorte, par l'intermédiaire des plus importantes d'entre elles, d'écarter Macron du pouvoir.

Jusqu'à la crise des gilets jaunes, Macron était le cheval de Troie des riches dans la société française.

Il en est désormais la brebis galeuse.

Note

Ainsi que l'avais prévu dans mon précédent article, Macron a fait acte de contrition (merci à Brigitte pour ses talents d'acteur) a distribué quelque menue monnaie, qui de plus ne lui appartient pas, et n'a surtout absolument rien changé à sa ligne politique. Dorénavant, tout restera comme auparavant.

Sur le dépeçage des futurs excédents de la Sécu, voir ce lien :




Mercredi 12 Décembre 2018

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