La casserole, cet ennemi intérieur
Évidemment on peut rire. On rit même mécaniquement devant ces images de LCI signées Adrian Ako de gendarmes, dans l'Hérault, armes automatiques en bandoulière, fouillant les sacs des manifestants, au cours de la visite d'Emmanuel Macron, à la recherche des casseroles, en application d'un arrêté préfectoral. "Vous pouvez me le montrer, l'arrêté ?" demande un porteur de casserole. Le gendarme, se dirigeant vers son véhicule : "Il est où, l'arrêté ?"
À peine cette séquence diffusée sur Twitter, le préfet anti-casserole Hugues Moutouh, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, ouvrait grand son parapluie. Les gendarmes, ces imbéciles, l'avaient mal compris. Avec son arrêté interdisant les "dispositifs sonores portatifs", il visait en réalité "les sonos, micros, etc". Mais le reporter de LCI Paul Larrouturou maintient : il a bien entendu, de ses propres oreilles, un gendarme rendre compte à sa hiérarchie : "C'est bon, on a bien retiré toutes les casseroles des sacs".
Évidemment, on peut rire. Mais voilà : cet arrêté Moutouh a été signé en application de plusieurs lois anti-terroristes. Je cite un de ses nombreux considérants : "Considérant que les attentats et tentatives d’attentats récents en France traduisent un niveau maximal de menace terroriste et que les rassemblements de personnalités politiques constituent une des cibles privilégiées des terroristes (...). Que la présence dans le département de l’Hérault du président de la République le 20 avril 2023 représente de fait une cible symbolique extrêmement forte compte tenu notamment du contexte social actuel."
Évidemment on peut encore rire, comme on peut rire de ce président en perdition de popularité, errant désespérément sur les routes de l'Hérault, à la recherche d'un échantillon de peuple à selfies. Mais voilà. Ce président dispose encore de préfets, lesquels actionnent la gendarmerie. Mais voilà. Il s'est non seulement trouvé un préfet pour prendre un arrêté bannissant les "dispositifs sonores portatifs", mais aussi des gendarmes pour appliquer cet arrêté, en confisquant les casseroles.
Il faut regarder ces gendarmes, ces braves gendarmes, qui font leur métier avec calme, avec zèle, poliment. Ils cherchent les casseroles. On leur aurait demandé de chercher les bananes, les stylos à quatre couleurs, ou les paquets de bonbons mentholés, ou n'importe quel gibier humain, ils les auraient pareillement recherchés.
Qui peut jurer qu'au fond de lui ces gendarmes ne lui en rappellent pas d'autres, en d'autres lieux, ou à d'autres époques ? Évidemment, on peut donc frémir. Ce n'est d'ailleurs pas une raison pour ne pas rire, le rire n'étant pas encore considéré comme un dispositif de survie portatif.
Évidemment on peut rire. On rit même mécaniquement devant ces images de LCI signées Adrian Ako de gendarmes, dans l'Hérault, armes automatiques en bandoulière, fouillant les sacs des manifestants, au cours de la visite d'Emmanuel Macron, à la recherche des casseroles, en application d'un arrêté préfectoral. "Vous pouvez me le montrer, l'arrêté ?" demande un porteur de casserole. Le gendarme, se dirigeant vers son véhicule : "Il est où, l'arrêté ?"
À peine cette séquence diffusée sur Twitter, le préfet anti-casserole Hugues Moutouh, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, ouvrait grand son parapluie. Les gendarmes, ces imbéciles, l'avaient mal compris. Avec son arrêté interdisant les "dispositifs sonores portatifs", il visait en réalité "les sonos, micros, etc". Mais le reporter de LCI Paul Larrouturou maintient : il a bien entendu, de ses propres oreilles, un gendarme rendre compte à sa hiérarchie : "C'est bon, on a bien retiré toutes les casseroles des sacs".
Évidemment, on peut rire. Mais voilà : cet arrêté Moutouh a été signé en application de plusieurs lois anti-terroristes. Je cite un de ses nombreux considérants : "Considérant que les attentats et tentatives d’attentats récents en France traduisent un niveau maximal de menace terroriste et que les rassemblements de personnalités politiques constituent une des cibles privilégiées des terroristes (...). Que la présence dans le département de l’Hérault du président de la République le 20 avril 2023 représente de fait une cible symbolique extrêmement forte compte tenu notamment du contexte social actuel."
Évidemment on peut encore rire, comme on peut rire de ce président en perdition de popularité, errant désespérément sur les routes de l'Hérault, à la recherche d'un échantillon de peuple à selfies. Mais voilà. Ce président dispose encore de préfets, lesquels actionnent la gendarmerie. Mais voilà. Il s'est non seulement trouvé un préfet pour prendre un arrêté bannissant les "dispositifs sonores portatifs", mais aussi des gendarmes pour appliquer cet arrêté, en confisquant les casseroles.
Il faut regarder ces gendarmes, ces braves gendarmes, qui font leur métier avec calme, avec zèle, poliment. Ils cherchent les casseroles. On leur aurait demandé de chercher les bananes, les stylos à quatre couleurs, ou les paquets de bonbons mentholés, ou n'importe quel gibier humain, ils les auraient pareillement recherchés.
Qui peut jurer qu'au fond de lui ces gendarmes ne lui en rappellent pas d'autres, en d'autres lieux, ou à d'autres époques ? Évidemment, on peut donc frémir. Ce n'est d'ailleurs pas une raison pour ne pas rire, le rire n'étant pas encore considéré comme un dispositif de survie portatif.