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«L'avenir n'est plus ce qu'il était» [Paul Valéry]



Demain 24 janvier, deux projets de loi relatifs à la réforme des retraites...

...seront présentés au Conseil des Ministres. Un projet de loi ordinaire et un projet de loi organique (qui ne pourra pas être défait par une loi ordinaire) Un article de France Inter fait le point sur ces deux projets de loi et ce qu'il faut en retenir.



C'est clair et très complet.

Je regrette seulement que l'on n'ait pas plus insisté sur une des réformes fondamentales, et fondamentalement injuste, à savoir : le calcul de la retraite sera désormais basé non plus sur les derniers mois (fonctionnaires) ou années (privé) d'activité mais sur la totalité de la carrière.

On en parle dans cet article mais seulement pour les fonctionnaires qui seront effectivement les plus impactés, défavorablement, par cette réforme.

Pour les fonctionnaires, dont je fus (j'ai pris ma retraite en 2007, soit une année avant l'instauration du bonus malus) les 6 derniers mois étaient pris en compte. En revanche mes primes (importantes, environ 1000 euros par mois, j'étais comptable public) ne furent pas prises en compte.

Dans le privé, c'était les 25 meilleures années.

Pas besoin d'avoir fait l'E.N.A pour comprendre que lorsqu'on prend en compte la totalité de l'activité, et non les derniers mois ou les meilleures années, compte tenu du fait que l'on est généralement mieux rémunéré en fin de carrière que pendant les premières années (encore heureux) ce système est plus défavorable que l'ancien. La perte a même été évaluée par le Comité d'Organisation des Retraites (C.O.R) à 20 à 30 % !

Cette seule mesure va aboutir, pour les fonctionnaires, à une retraite égale à 50% du traitement en activité, au lieu de 85% dans l'ancien système. Excusez du peu. Comme en plus les fonctionnaires, surtout dans l'enseignement, sont très mal payés en activité, on comprend pourquoi ils n'ont pas fini de protester.

Pour le privé ce devrait être encore pire, mais on ne peut le savoir encore tant que l'on ne connaîtra pas le montant du fameux point.

La défense du gouvernement est : on va compenser avec la prise en compte désormais des primes dans le calcul de la retraite. Pour les fonctionnaires qui perçoivent des primes substantielles, cela devrait effectivement compenser en partie la diminution du montant de la retraite due à la prise en compte de la totalité de la carrière. Mais ces fonctionnaires sont très loin d'être la majorité ! Pour les autres, bonjour les dégâts.

Effectivement, la souscription, le plus tôt possible d'une retraite complémentaire s’avérera indispensable. Ce qui était, ne l'oublions pas, une des ambitions du gouvernement avec cette réforme. M. Fink, le patron de BlackRock pourra être très satisfait des services de MM. Macron et Philippe. Qui, eux, n'auront aucune raison de s'inquiéter pour leurs retraites.

Par ailleurs,le gouvernement insiste lourdement sur le fait que les femmes vont y gagner une retraite à 1000 euros minimum.

A condition toutefois d'avoir exercé le nombre d'années suffisant pour avoir droit au taux plein. Actuellement 42 ans, mais beaucoup plus dans les prochaines années, et avec un bonus malus si elles n'ont pas atteint cet « âge d’équilibre ». Qui en plus va augmenter avec l'espérance de vie, et avec l'âge moyen de départ effectif à la retraite (actuellement…64 ans)

Comme en plus les femmes ont plus de difficultés que les hommes à exercer un emploi pendant 42 ans, pour de multiples raisons, on peut raisonnablement penser qu'elles ne seront pas nombreuses à percevoir ces 1000 euros et beaucoup plus nombreuses à se contenter de l'ASPA (Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées (ex minimum vieillesse) . Pour y "prétendre" il faut 65 ans minimum et 903 euros par mois. En cas de (très petite) retraite, elle est déduite évidement. Au passage le montant de l'ASPA n'est guère éloigné des fameux 1000 euros.

Et comment vivre aujourd'hui avec 1000 euros par mois, soit moins que le SMIC, alors que le moindre loyer représente environ la moitié d'un Smic ? A cet égard, je viens de constater que dans l'indice des prix à la consommation de l'INSEE le poids des loyers dans la consommation été estimé à 8% ! Ce qui est, aux dires mêmes de l'INSEE, complètement erroné, car :

" La part des loyers dans l'IPC, 8 % en 2018, correspond à la part de ces dépenses dans l'ensemble de la consommation des ménages. Il s'agit d'un taux moyen, calculé pour tous les ménages, qu'ils soient locataires ou propriétaires : pour les locataires, qui représentent 40 % des ménages environ, ce taux est de l’ordre de 20 %, et pour les propriétaires (60 % des ménages) il est par définition nul. En conséquence, ce chiffre de 8 % est bien inférieur au poids des loyers dans le budget des ménages locataires.]b" Source INSEE, https://www.insee.fr/fr/information/3707563

Quand on voit une telle manipulation des chiffres et que l'on sait que l'âge d'équilibre à venir (après 2022) sera établi en fonction des statistiques sur l'espérance de vie et l'âge effectif des départs à la retraite, les futurs retraités ont tout lieu de s'inquiéter.

Ce qu'à mon avis ils ne font pas assez, surtout les jeunes. Il semble en effet que pour eux la retraite, c'est loin, c'est un problème de vieux, et qu'en plus ils auraient déjà intégré l'idée qu'ils n'auront pas de retraite.

Je les informe donc que le gouvernement est très conscient de ce désintérêt des jeunes pour le problème de la retraite, car il en profite pour, d'ores et déjà, dans ce projet de réforme, pour massacrer effectivement leurs futures retraites. Tout est fait dans le projet pour que plus ils avanceront en âge et plus leur retraite diminuera. Les jeunes sont, avec les enseignants, les grands perdants de cette réforme.

Je sais que la mode en ce moment, chez les jeunes, est de se moquer des vieux d'aujourd'hui, c'est-à-dire des papy-boomers. Dont je suis, puisque né en 1946, c'est à dire juste après la deuxième guerre mondiale. OK Boomer ! (en français, ça marche pour toi, vieux con !) est l'insulte à la mode.

Ce que je peux leur répondre, c'est que mes parents se sont battus en 1936, et en 1946 pour bénéficier du meilleur régime de retraite du monde et d'une protection sociale que le monde entier nous envie.

Ma génération s'est battue en 1968 pour bénéficier de salaires décents. Avec succès : les salaires ont augmenté de 15% et l'économie s'en est très bien portée. Elle a continué en 1995, encore avec succès, pour refuser le projet de réforme des retraites d'un certain Juppé.

Voila pourquoi, si ma génération et celle qui nous précède ont pu bénéficier, dans l'ensemble, d'une retraite correcte, ce ne fut certainement pas un privilège, mais le résultat de luttes acharnées contre les Macron et les Philippe d'alors.

Je vous laisse réfléchir là-dessus.

Le lien vers l'article de France Inter


Demain 24 janvier, deux projets de loi relatifs à la réforme des retraites...

Jeudi 23 Janvier 2020

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