Source : arretsurimages.net
Françaises, Français, mes chers compatriotes,
Depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, le gouvernement et moi-même avons toujours été en retard dans les réponses que nous y avons apporté. Derrière de bonnes paroles de compréhension et des mea culpa vides, nous avons d'abord parié sur son pourrissement, n'y voyant qu'un agglomérat d'illettrés, de Gaulois réfractaires, et de gens qui ne sont rien. Jour après jour, nous avons scruté les sondages. En vain. Nous avons ensuite supprimé les hausses de taxes sur l'essence, mais dans une telle confusion que tout le bénéfice politique de ce recul a été annihilé. Samedi dernier encore, nous avons cru qu'une répression de masse pourrait intimider la colère populaire. Nous nous sommes encore lourdement trompés.
Tout atermoiement, ce soir, ne pourrait être perçu que comme une entourloupe. Je pense par exemple à tous les projets de "grand débat", "d'états généraux", de "Grenelle de la fiscalité", que ne cessent de proposer les cerveaux fertiles qui m'entourent, et qui occupent les bavards des chaines de télé. Vous n'y verriez qu'un moyen de gagner du temps, et vous auriez raison.
Vous attendez de moi un geste politique clair, le voici. Conscient que ni la majorité, ni le gouvernement, ni a fortiori moi-même ne bénéficions plus de l'autorité suffisante pour poursuivre les réformes nécessaires à notre pays, je prends une décision simple, lisible, capitale, et qui ne coûte rien, ou pas grand chose : je dissous aujourd'hui l'Assemblée Nationale.
J'invite les gilets jaunes, comme tous les mouvements politiques traditionnels, à revivifier notre démocratie, en présentant des candidats, dans chaque circonscription. Pour les y aider, les candidats investis par ce mouvement, à condition qu'il ne s'en présente qu'un seul par circonscription, bénéficieront d'une avance conséquente sur les dépenses de campagne. En cas de non obtention du seuil de suffrages nécessaires, cette avance ne sera pas remboursable. C'est un bien minime investissement dans la création d'une démocratie nouvelle.
C'est à cette Assemblée nouvellement élue, et au gouvernement qu'elle soutiendra, qu'il appartiendra, dès leur entrée en fonction, de prendre les mesures propres à concilier urgence sociale et urgence climatique. Si l'Assemblée Nationale nouvellement élue décide de proposer des réformes institutionnelles, comme l'instauration de la proportionnelle, le référendum d'initiative citoyenne, ou même de se proclamer Constituante, je m'engage non seulement à ne pas y faire obstacle, mais à l'appuyer de toutes mes forces. Je serai fier de rester dans l'Histoire comme le président qui aura permis cette révolution légale et pacifique.
Dans l'immédiat, le gouvernement expédiera les affaires courantes, à l'exception d'une seule mesure : une réévaluation du SMIC de 20%, au 1er janvier.
J'ai bien conscience des innombrables difficultés qui ne manqueront pas de surgir tout au long de ce processus. J'ai notamment conscience que ma confortable majorité LREM sera balayée. C'est un bien mince inconvénient. Et il n'y a pas d'autre voie.
Marseillaise. Zoom arrière sur l'Elysée.
Je dois avouer ma surprise : ces accents sont à la hauteur de la circonstance. On y reconnait le panache, la franchise et la lucidité dont était crédité notre jeune président avant son élection. Pour être honnête, si j'avais dû écrire sa périlleuse allocution de ce soir, je ne l'aurais pas écrite autrement. Mais cette ferme résolution résistera-t-elle à une longue journée ? Réponse à 20 Heures.
Daniel Schneidermann
P.S : Même en rêve, je n'y crois pas.
Macron va nous servir une fois encore son gloubi-boulga indigeste et habituel, que l'on pourrait résumer ainsi :
En dépit de votre ignorance crasse,
et de la répulsion irrépressible que vous m'inspirez,
je vais m'efforcer,
et croyez bien que c'est très dur pour moi,
de vous expliquer,
en détail,
le plus clairement possible,
avec des termes simples et à votre portée,
sans langue de bois,
comme aimait à le faire mon prédécesseur,
comment et pourquoi,
à partir de dorénavant,
tout sera comme auparavant.
Zoom arrière, Marseillaise, fermez le ban !
Macron va nous servir une fois encore son gloubi-boulga indigeste et habituel, que l'on pourrait résumer ainsi :
En dépit de votre ignorance crasse,
et de la répulsion irrépressible que vous m'inspirez,
je vais m'efforcer,
et croyez bien que c'est très dur pour moi,
de vous expliquer,
en détail,
le plus clairement possible,
avec des termes simples et à votre portée,
sans langue de bois,
comme aimait à le faire mon prédécesseur,
comment et pourquoi,
à partir de dorénavant,
tout sera comme auparavant.
Zoom arrière, Marseillaise, fermez le ban !