Sur le papier, BYD fait rêver : berlines luxueuses au prix d'une Golf avec 2100 km d'autonomie, sièges massant en cuir Nappa, écran OLED rotatif 15 pouces, recharge en 10 minutes…

Mais, derrière cette vitrine rutilante se cache peut-être le plus gros mensonge de l'industrie automobile.

N.D.L.R

• Après avoir regardé la passionnante et éclairante vidéo de MoneyRadar, vous trouverez :
• Un article rédigé en collaboration avec GensPark.ai. Un podcast généré par NoteBookLM

Quand le miracle chinois révèle sa face cachée.

 

Sur le papier, BYD fait rêver : berlines luxueuses au prix d'une Golf avec 2100 km d'autonomie, sièges massants en cuir Nappa, écran OLED rotatif 15 pouces, recharge en 10 minutes… Mais, derrière cette vitrine rutilante se cache peut-être le plus gros mensonge de l'industrie automobile.

L'Ascension Fulgurante : Du Miracle à l'Interrogation

Des Origines Modestes au Géant Mondial

L'histoire commence en 1995 à Shenzhen. Wang Chuanfu, ingénieur de 29 ans issu d'une famille de paysans, emprunte 300 000 yuans à un cousin pour lancer une petite usine de batteries. Son obsession ? Reproduire la technologie japonaise pour 40 % moins cher. Pari gagné : BYD devient rapidement fournisseur de Motorola et Nokia.
 

Le coup de poker décisif survient en 2003 : Wang rachète Qinchuan Auto, un constructeur automobile moribond. La presse économique chinoise se moque : un fabricant de piles qui veut concurrencer Toyota, quelle infamie !
 

Cinq ans plus tard, c'est le tournant. Warren Buffett débarque avec 230 millions de dollars. Charlie Munger, son bras droit, lui avait dit : ce Wang Chuanfu, c'est un mélange d'Edison et de Jack Welch.

La Stratégie de l'Intégration Verticale Extrême

Ce qui rend BYD unique, c'est leur intégration verticale poussée à l'extrême. Là où Tesla achète ses batteries à Panasonic, où Volkswagen dépend de centaines de fournisseurs, BYD fabrique tout : batteries, semi-conducteurs, moteurs, électronique de puissance, jusqu'aux pare-brise et aux phares.
 

Cette stratégie leur confère une flexibilité redoutable. Quand la pénurie de puces paralyse l'industrie mondiale en 2021, BYD augmente sa production interne et gagne des parts de marché. Quand le prix du lithium explose, ils en profitent directement grâce à leurs propres mines au Tibet et en Amérique du Sud.
 

Le résultat est spectaculaire : dans leurs usines de Shenzhen, Xi'an ou Changsha, les lignes de production assemblent une voiture toutes les 50 secondes, 24 h/24, avec un taux d'automatisation de 85 % - du jamais vu en Chine.

La Révolution de la Blade Battery

L'usine la plus impressionnante reste celle de Chongqing, dédiée à la fameuse Blade Battery. Cette batterie lithium fer phosphate représente une rupture technologique majeure : plus sûre que les batteries classiques lithium-ion, elle coûte 30 % moins cher à produire. Ford et Toyota ont déjà signé pour l'utiliser dans leurs futurs modèles.

La Face Cachée : Quand le Rêve Devient Cauchemar

323 Milliards de Dette Cachée : Le Rapport Qui Fait Trembler

 

En janvier 2025, GMT Research, un cabinet d'analyse hongkongais spécialisé dans la comptabilité judiciaire, publie un rapport explosif. Leur conclusion : la dette réelle de BYD ne serait pas de 42 milliards de yuans comme annoncé officiellement, mais de 323 milliards
— sept fois plus, soit l'équivalent de 44 milliards de dollars.
 

Comment arrivent-ils à ce chiffre vertigineux ? Tout se joue dans le supply chain financing. BYD paie ses fournisseurs avec un retard moyen de 275 jours — presque 9 mois ! Dans l'industrie automobile, la norme, c'est 50 à 60 jours maximum. Ces délais de paiement sont techniquement de la dette déguisée, utilisant les fournisseurs comme une banque gratuite.
 

Le plus inquiétant : cette pratique s'accélère. Les comptes fournisseurs augmentent de 41 % par an depuis 5 ans, bien plus vite que le chiffre d'affaires qui croît de 23 %. C'est exactement le schéma qu'on a vu avec Evergrande avant l'effondrement.
 

BYD a évidemment démenti, affirmant avoir 154,9 milliards de yuans en cash. Mais comme le souligne GMT Research : Si vous avez autant de liquidités, pourquoi faire attendre vos fournisseurs 9 mois ?

Qualité Catastrophique : Les Rappels Massifs

Cette pression financière pourrait expliquer la qualité catastrophique de certains modèles. Les signaux d'alarme se multiplient :
 

- septembre 2024 : 96 714 véhicules Dolphin et Yuan Plus rappelés d'urgence pour un défaut de fabrication sur la colonne de direction, avec risque de court-circuit et d'incendie spontané

- Sur Weibo (le Twitter chinois), les témoignages s'accumulent : radio qui grésille après 3 mois, GPS qui indique des routes inexistantes, batterie 12 V qui se vide en une nuit, essuie-glaces qui s'arrêtent en pleine tempête
 

Le cas le plus documenté concerne le lancement du SUV Sea Lion : en une semaine, 4 700 plaintes officielles déposées sur le portail gouvernemental chinois. Du jamais vu pour un constructeur domestique. Les ventes se sont effondrées de 60 % le mois suivant.

Débâcle Européenne : Moisissures et Peinture qui s'Écaille

À l'international, c'est encore pire. Les premiers modèles arrivés en Europe ont défrayé la chronique :
 

- En Allemagne : des concessionnaires découvrent des moisissures dans l'habitacle de véhicules neufs

- Aux Pays-Bas : la peinture s'écaille après le premier lavage ;  

- En Israël : les plastiques du tableau de bord se déforment sous la chaleur.
 

Un importateur européen confie que les voitures arrivent avec six mois de retard dans un état parfois lamentable et nous devons faire le contrôle qualité nous-mêmes. BYD explique que c'est à cause du transport maritime, mais les Tesla arrivent de Shanghai sans problème...

Le Scandale Brésilien : Conditions d'Esclavage Moderne

Plus grave encore : en décembre 2024, BYD est poursuivi par le ministère du Travail brésilien pour conditions analogues à l'esclavage sur le chantier de son usine de Bahia. 163 ouvriers chinois logés dans des conditions insalubres, passeports confisqués, 14 heures de travail par jour sans jour de repos. L'affaire remonte jusqu'au président Lula.

Gonflement des Ventes : La Pratique des 0 Km Used Cars

Ce qui inquiète vraiment le monde de la finance, c'est la façon dont BYD gonflerait ses chiffres de vente. La pratique a un nom : zero km used cars. Le principe est simple : faire immatriculer des véhicules neufs par des sociétés écran ou des loueurs complices, puis immédiatement les revendre comme occasion 0 km.
 

Résultat : la voiture compte dans les statistiques de vente neuve, même si aucun client final ne l'a achetée.
 

Un commercial BYD de Guangzhou témoigne sous couvert d'anonymat : Fin de mois, si on n'atteint pas les objectifs, on reçoit l'ordre d'immatriculer 200-300 voitures au nom de sociétés partenaires. Elles finissent sur des parkings en attendant de vrais acheteurs, et parfois, elles y restent des mois.
 

Les images satellites de certains sites BYD sont éloquentes : des parkings géants avec des milliers de véhicules alignés, certains visiblement abandonnés depuis des mois.

La Dépendance aux Subventions : Un Colosse aux Pieds d'Argile

3,7 Milliards de Subventions en 4 Ans

Comment BYD peut-il vendre si peu cher tout en étant profitable ? La réponse tient en un mot : subventions. De 2018 à 2022, BYD a reçu 3,7 milliards de dollars d'aide publique directe — plus que n'importe quel autre constructeur automobile au monde.
 

En 2022, ces subventions représentaient 26 % du résultat net de l'entreprise. Un quart des profits vient directement des poches du contribuable chinois.
 

Les aides prennent toutes les formes imaginables :

- Subventions directes à l'achat pour les consommateurs ;

- Crédits d'impôt pour la R&D ;  

- Terrains gratuits pour les usines ;

- Prêts à taux zéro ;

- Commandes publiques garanties pour les bus et taxis ;

La Stratégie du Dumping Systématique

Cette flexibilité cache une stratégie plus agressive : le dumping systématique pour tuer la concurrence. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : le profit par voiture est seulement de 1 550 dollars pour BYD contre 9 547 pour Tesla.
 

Comment survivre avec des marges aussi faibles ? La réponse est simple : le volume et l'élimination méthodique des concurrents. C'est la stratégie Amazon appliquée à l'automobile : vendre à perte pendant des années, subventionné par l'État chinois, jusqu'à ce que les autres abandonnent, puis augmenter les prix une fois en position de monopole.

L'Exemple Thaïlandais : Destruction de la Concurrence

L'exemple thaïlandais est révélateur. BYD arrive en 2022 avec des prix 40 % inférieurs à la concurrence. Résultat :

- Mitsubishi ferme son usine locale ;

- Mazda réduit sa production de 60 %  

- Honda annule ses projets d'expansion ;
 

En 18 mois, BYD est devenu numéro 1. Le même scénario se répète au Mexique, en Indonésie, au Brésil.

Trois Scénarios pour l'Avenir

Face à ces révélations, trois scénarios se dessinent :

Scénario 1 : L'Effondrement

Les subventions chinoises se tarissent face à la crise immobilière. La dette cachée de 323 milliards explose. Les fournisseurs non payés font faillite en cascade. BYD devient le Lehman Brothers de l'automobile, entraînant des millions d'emplois ans sa chute.

Scénario 2 : La Domination  

BYD absorbe les difficultés, améliore sa qualité, continue son expansion. Dans 10 ans, une voiture sur trois dans le monde est chinoise, majoritairement BYplD. L'industrie automobile occidentale survit en devenant sous-traitante, comme pour les smartphones.

Scénario 3 : La Guerre Commerciale

L'Europe et les États-Unis réagissent. Droits de douane massifs, interdictions, enquêtes antidumping. BYD reste confiné au marché chinois et quelques pays émergents. Une nouvelle guerre froide économique s'installe.

Conclusion : Miracle ou Mirage ?

Au-delà de BYD, c'est tout un modèle économique qui est en jeu : le capitalisme d'État chinois contre le libre marché occidental, les subventions massives contre la concurrence déloyale, la planification centralisée contre l'innovation décentralisée.
 

Wang Chuanfu aime répéter : les Occidentaux ont eu 100 ans pour dominer l'automobile. Nous allons le faire en 20 ans. Et, il a peut-être raison. Ou peut-être que dans cinq ans, on parlera de BYD comme on parle d’Everground aujourd'hui.
 

Une chose est sûre : la bataille pour le contrôle de l'automobile mondiale fait uniquement de commencer. Parce que au fond, BYD n'est qu'un symbole — le symbole d'une Chine qui ne veut plus être l'usine du monde, mais son conseil d'administration.
 

Et, cela, que nous roulions en Tesla ou Clio, cela devrait tous nous faire réfléchir.
 

N.D.L.R

Je pense que le scénario 2 : La Domination, est le plus probable. 
 

Quitte à faire le ménage dans cette compagnie, ce que les chinois savent très bien faire,et sans aucun scrupule. Le gouvernement chinois ne pourra pas se permettre de laisser tomber BYD qu'il supporte à bout de bras depuis le début. C'est l'avantage des régimes capitalistes d'État. Tant que ces États ont les moyens de leur politique.