Constat de départ :
Le débat sur la taxe Zucman occulte le fond du problème : les revenus et le patrimoine des plus riches évoluent bien plus rapidement que ceux du reste de la population ; ils contribuent de moins en moins aux biens publics, malgré une sécession économique grandiose.
- Revenus en forte hausse : Entre 2003 et 2022, le revenu moyen des 0,1 % les plus riches en France a augmenté de 119 %, alors que celui du reste de la population n'a progressé que de 46 %. Dans le même temps, leur taux d'imposition a baissé d'environ 3,6 points (29,3 % à 25,7 %).
- Concentration du patrimoine : Depuis 1984, la part du patrimoine détenue par les 1 % les plus riches est passée de moins de 16 % à plus de 25 % du total national ; celle de la moitié la moins fortunée est tombée sous les 5 %.
- Ultra-riches encore plus avantagés : Les 500 plus grosses fortunes françaises ont vu leur patrimoine multiplié par 5 depuis 2010. Pour figurer dans ce classement, il faut au moins 245 M€ alors que le patrimoine moyen en France est autour de 300 000 €. Beaucoup de ces fortunes sont héritées (Hermès, Arnault, Wertheimer).
- Effet de la taxe Zucman : Selon les simulations, cette taxe ne permettrait qu'atténuer la progression des plus grandes fortunes, sans jamais les effacer. Elle réduirait à long terme les écarts, mais les patrimoines continueraient de croître plus vite que le PIB.
- Biens professionnels : Les critiques veulent exclure les biens professionnels (holdings, entreprises valorisées >100 M€) de la base imposable, argumentant sur quelques cas problématiques. Or, 66,5 % des biens professionnels sont détenus par les 1 % les plus riches, justifiant leur inclusion pour éviter de vider la réforme de sa substance
Conclusion : La taxe Zucman est un des outils qui permettent de mieux faire société en France, en rétablissant une forme de justice fiscale et sociale.
Source : Alternatives Economiques