Les huiles minérales : qu’est-ce que c’est ?
Les huiles minérales sont des hydrocarbures issus du raffinage du pétrole, classées en deux grandes catégories :
- MOSH (Mineral Oil Saturated Hydrocarbons) : saturés, capables de s’accumuler dans les organes et d’endommager foie, rate, etc.
- MOAH (Mineral Oil Aromatic Hydrocarbons) : aromatiques, les plus dangereuses, reconnues comme cancérogènes, mutagènes et perturbateurs endocriniens[1].
Ces substances sont présentes dans des encres, des colles, des lubrifiants, des produits de nettoyage et même certains pesticides. Elles se retrouvent également très facilement dans notre alimentation via les emballages, les chaînes industrielles ou les procédés d’extraction[1].
L’hexane : une usine à risques
L’extraction de l’huile végétale à grande échelle ne repose plus sur le pressage artisanal, mais sur un procédé industriel utilisant l’hexane, un solvant dérivé de l’essence[2]. Rentable, rapide, mais polluant, ce procédé laisse des résidus d’hexane et d’autres hydrocarbures dans les produits finis. Guillaume Coudray montre que ces résidus contaminent aussi les aliments destinés aux plus vulnérables : nourrissons, enfants, femmes enceintes[2].
Une contamination documentée et persistante
Foodwatch a mené plusieurs campagnes de tests en France et en Europe :
- En 2015, 120 produits alimentaires secs étaient testés : 43% contaminés par des MOAH, 83% par des MOSH ; en France, 60% des produits contenaient des MOAH[1].
- En 2019, alarmée par la présence de MOAH dans des laits infantiles, Foodwatch révèle que des produits pour nourrissons de grandes marques (Nestlé, Danone) étaient contaminés ; pourtant, aucun rappel de produit n’a eu lieu, les industriels préférant la communication au retrait[1].
- En 2021, tests sur 152 références dans cinq pays européens : 1 produit sur 8 contaminé par les MOAH. En France, des marques connues (Fruit d’Or, Knorr, Léa Nature, Auchan) ont été touchées, souvent avec des taux élevés[1].
Tout au long de ces enquêtes, Foodwatch constate le déni des fabricants, la lenteur politique et l’absence de dispositions protectrices véritablement appliquées[1].
Impacts sur la santé : alarmants et documentés
Les MOSH contaminent les organes, mais les MOAH posent des risques bien plus graves :
- Cancers ; altération génétique ; perturbation endocrinienne[1].
- Augmentation de la puberté précoce, baisse de la fertilité, malformations du fœtus, maladies métaboliques comme le diabète[1].
- Selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), « toute exposition à travers l’alimentation présente un risque » : il n’existe pas de seuil « sûr » pour ces hydrocarbures aromatiques[1].
- ANSES, agence sanitaire française, est formelle : “aucun seuil ne peut être proposé pour les mélanges de MOAH”, tellement leur mutagénicité et cancérogénicité sont élevées[1].
Pourquoi l’industrie ne change-t-elle pas ?
À la question “pourquoi les industriels s’obstinent-ils à employer ces procédés ?”, Guillaume Coudray répond : rentabilité, rationalisation, et silence complice[2]. L’extraction à l’hexane coûte moins cher, permet la production massive, et le public reste peu informé. Les arguments avancés pour rassurer (filtration, surveillance) ne résistent pas à l’épreuve des analyses indépendantes. L’industrie et les lobbies freinent toute évolution réglementaire[2][1].
En Allemagne, la simple menace d’une législation anti-MOAH a poussé les fabricants à anticiper et à changer leurs pratiques — preuve que la contamination n’est ni irréversible ni inévitable[1].
La réglementation : une bataille de longue haleine
Des années de remous et de lobbying ont abouti, en 2022, à un seuil européen toléré de 1 mg/kg de MOAH dans les laits infantiles, largement supérieur à ce qui est détectable lors des tests — et inapplicable aux autres catégories alimentaires[3][1]. Alors que les scientifiques du monde entier réclament l’interdiction totale de ces substances, la législation reste timide et partielle[3].
La France reste en retrait, invoquant la nécessité de données scientifiques complémentaires, alors que le consensus international sur la dangerosité est établi[1].
Peut-on se protéger individuellement ?
L’action individuelle apparaît inefficace : ni label, ni méthode de détection accessible, ni information sur les emballages ou les ingrédients ne garantissent l’absence de dérivés pétroliers dans les produits[1]. Foodwatch recommande l’action collective : pétitions, mobilisation citoyenne, soutien aux enquêtes indépendantes, et pression sur les institutions nationales et européennes[1].
Appel à la mobilisation citoyenne
Foodwatch invite chacun à signer sa pétition pour demander l’interdiction totale de la vente de nourriture contaminée par les MOAH[1]. L’information et la mobilisation sont les seules vraies armes du consommateur face à ce scandale invisible. Soutenir les enquêtes, diffuser les résultats, évoquer la question lors des repas ou dans les médias, voilà les premiers pas vers une alimentation saine et transparente[1].
Conclusion : pour tourner la page de l’intoxication silencieuse
Le scandale des dérivés pétroliers dans l’alimentation est désormais documenté, prouvé, et dénoncé ; il subsiste pourtant par inertie industrielle et par manque de mobilisation politique[2][1]. Tant que les réglementations n’imposeront pas des seuils stricts et universels, chacun reste exposé. Ce poison invisible ne doit plus être ignoré.
La transparence, l’indépendance des contrôles et la mobilisation citoyenne sont les clés d’un réveil sanitaire qui devient urgent.
Sources principales :
- Foodwatch : campagnes, rapports (2015, 2019, 2021), articles explicatifs[1].
- Guillaume Coudray, « De l’essence dans nos assiettes », Éditions La Découverte[2].
- EFSA, ANSES, Commission européenne[1].
Sources:
C'est quoi le danger des huiles minérales dans notre assiette... https://www.foodwatch.org/fr/sinformer/nos-campagnes/alimentation-et-sante/contaminants/hydrocarbures-huiles-minerales/danger-huiles-minerales-moah-mosh-alimentation
De l'essence dans nos assiettes - Guillaume Coudray https://www.editionsladecouverte.fr/de_l_essence_dans_nos_assiettes-9782348089114
Dérivés de pétrole dans les aliments : la Commission ... [https://www.foodwatch.org/fr/communiques-de-presse/2022/derives-de-petrole-dans-les-aliments-huiles-minerales-la-commission-europeenne-impose-enfin-des-limites-suite-aux-pressions-de-foodwatch