
Pour rappel, les organisations de salarié·es (CFDT, CFE-CGC, CFTC) et le patronat (Medef et CPME) travaillaient depuis fin février à la réécriture de la réforme des retraites de 2023, dont la principale mesure a été le recul de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans. La CGT, FO et l’U2P avaient claqué la porte.
« Ce conclave dont les partenaires sociaux n’étaient pas demandeurs a été conçu par l’exécutif comme une monnaie d’échange offerte au Parti socialiste, contre la promesse que ce dernier ne censurerait pas le gouvernement en février dernier », explique l'Humanité.
François Bayrou a ainsi gagné quelques mois, mais suite à l’absence d’accord, le PS a déposé une motion de censure – qui a peu de chances d’être adoptée sans les votes du Rassemblement national.
Tout au long des négociations, « le Medef aura campé sur ses deux lignes rouges : aucun retour en arrière sur l’âge légal et hors de question d’accepter une hausse (même modeste) des cotisations ». Les syndicats, eux, « ont largement ouvert la porte, en cessant de faire des 64 ans un préalable indispensable », et souhaitaient mettre sur la table des propositions « pour améliorer le sort des femmes avec enfants ainsi que la prise en compte de la pénibilité. »
« Les femmes restent les grandes perdantes », insiste Mediapart, le décalage de l’âge légal leur a très largement fait perdre l’avantage accordé au titre de la maternité et de l’éducation d’un enfant », un point pourtant « largement consensuel parmi les participant·es au conclave ».
«Ce simulacre de négociations » et cet « épuisement du front social » a été, selon Frustration, l’occasion pour le chef de fil d’Horizons Édouard Philippe de relancer l’idée d’introduire une part de capitalisation obligatoire dans les retraites. « La capitalisation, c’est un système dans lequel chacun épargne individuellement pour financer sa propre retraite, en plaçant son argent sur les marchés financiers, une logique opposée à celle de la répartition, fondée sur la solidarité entre générations ». Un système qui « fait croire que chacun finance sa propre retraite, alors qu’il ne s’agit que de reporter la charge sur d’autres, de manière plus opaque, plus inégalitaire et plus risquée ».
Face à la situation, Frustration appelle « à reprendre le combat », mais en dehors des conclaves : « dans les mouvements sociaux, les mobilisations locales, les débats publics, les contre-propositions concrètes, la reconquête des syndicats ».
Politis semble du même avis : le « patronat toujours plus radicalisé » et les « syndicats incapables d’imposer un rapport de force » révèlent selon l’hebdomadaire « un mal plus profond : l’affaiblissement structurel du dialogue social depuis l’élection d’Emmanuel Macron »
N.D.L.R
Le patronat français, comme d’habitude, ne veut rien lâcher.
En revanche les 200 milliards d’aides publiques annuels aux entreprises, ça, M. Martin et ses troupes, ils sont à fond pour !
Quant à Bayrou, il a beau affubler les réunions patronat-syndicat de “conclave”, ce qui est ridicule et n’a rien à voir avec les élections de pape, sa religion est faite depuis longtemps : quand le patronat dit non, c’est non !
Source : Basta, 27 juin 2025