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L'effondrement du courant atlantique (AMOC) pourrait déclencher des siècles de sécheresse en Europe

Un effondrement potentiel d’un système crucial de courants de l’océan Atlantique pourrait plonger l’Europe dans des sécheresses extrêmes durant des siècles, aggravant une crise de l’eau déjà sévère, selon de nouvelles recherches publiées en novembre 2025



Image : https://oceanservice.noaa.gov/welcome.html
Image : https://oceanservice.noaa.gov/welcome.html

La circulation méridienne de retournement atlantique (AMOC), qui transporte la chaleur et l’humidité de l’hémisphère Sud vers le nord, montre des signes d’affaiblissement susceptibles de déclencher un point de bascule aux conséquences dévastatrices pour les ressources en eau de l’Europe.

Dans un scénario d’émissions intermédiaires, l’intensité de la saison sèche à travers l’Europe augmenterait de 28 % si l’AMOC s’effondre — plus de trois fois pire que la hausse de 8 % attendue du seul fait du changement climatique.

La vidéo suivante est en anglais, mais elle est très parlante et vous pouvez demander les sous-titres en français, dans les paramètres de YouTube.



L’effondrement possible du grand courant de l’Atlantique n’est pas un scénario de film catastrophe, mais une menace bien réelle, susceptible de plonger une partie de l’hémisphère Nord dans un chaos climatique durable dès ce siècle.  Derrière ce risque se cache un nom quasi inconnu du grand public : la « circulation méridienne de retournement atlantique », ou AMOC, dont le fameux Gulf Stream n’est qu’un bras.[1][2][3][4][5][6]

Un gigantesque tapis roulant océanique

L’AMOC est un immense système de courants qui fait circuler l’eau chaude vers le nord en surface et l’eau froide vers le sud en profondeur, comme un tapis roulant géant qui relie les tropiques à l’Atlantique Nord.  Ce mouvement est principalement dirigé par la densité de l’eau de mer : l’eau chaude et salée qui remonte vers l’Europe se refroidit, devient très dense, plonge en profondeur, puis repart vers le sud avant de remonter ailleurs, bouclant ainsi la boucle.[2][4][7][6]

Quelques notions à clarifier

  • « Méridienne » signifie simplement « nord‑sud » : la circulation se fait entre les latitudes basses (tropiques) et hautes (Atlantique Nord).[7][6]
  • « Retournement » décrit le basculement de l’eau de la surface vers les grandes profondeurs, puis sa remontée plus loin, ce qui oxygène les océans profonds et redistribue la chaleur sur la planète.[4][7]
  • Le Gulf Stream est la partie de surface, chaude et rapide, la plus connue de ce système, mais l’AMOC englobe l’ensemble de la « machine » qui inclut aussi les courants profonds.[2][4]

Pourquoi l’AMOC menace de s’effondrer

Le changement climatique affaiblit les moteurs physiques qui font « tourner » ce tapis roulant.  La fonte accélérée de la calotte groenlandaise et l’augmentation des précipitations ajoutent d’énormes quantités d’eau douce moins salée en Atlantique Nord, ce qui empêche l’eau de devenir assez dense pour plonger, et freine donc la circulation.[5][8][6]
 

Des travaux récents montrent que l’AMOC a déjà nettement ralenti et pourrait approcher d’un « point de bascule » : au‑delà d’un certain seuil, le système ne se contente plus de faiblir progressivement, il bascule vers un nouvel état beaucoup plus faible, voire quasi arrêté, pendant des décennies ou des siècles.  Ce n’est plus une simple « tendance » climatique, c’est un changement brutal du fonctionnement de la machine climatique de l’Atlantique Nord.[9][3][8][6]

Ce qu’implique un « effondrement »

Dans le langage des climatologues, « effondrement » de l’AMOC signifie une chute rapide et durable de son intensité, jusqu’à un état très faible ou proche de l’arrêt, sans retour à la situation actuelle avant plusieurs générations.  Ce n’est pas une pause provisoire : le système se stabilise dans une nouvelle configuration, qui entraîne un climat radicalement différent au‑dessus.[3][10]
 

  • L’Atlantique Nord se refroidit fortement en surface, alors même que le reste du globe continue de se réchauffer.[8][3]
  • La saisonnalité explose : des hivers beaucoup plus froids et des étés toujours plus chauds, avec un contraste « congélateur l’hiver, four l’été » particulièrement marqué sur l’Europe du Nord et de l’Ouest.[1][3]

L’Europe en première ligne

Des simulations climatiques montrent que, en cas d’effondrement de l’AMOC dans un monde à environ +2 °C, une grande partie de l’Europe du Nord subirait un refroidissement hivernal majeur, au point d’annuler, voire de dépasser localement le réchauffement dû aux gaz à effet de serre.  Des études évoquent pour Londres des hivers extrêmes pouvant approcher les –20 °C une année sur dix, et des températures encore plus extrêmes en Scandinavie, où une partie des infrastructures ne résisterait tout simplement pas.[10][3]
 

Dans le même temps, l’effondrement amplifierait les sécheresses : la circulation actuelle apporte chaleur mais aussi humidité sur l’Europe ; en disparaissant en grande partie, elle laisse place à des saisons sèches plus longues et plus intenses, notamment en Europe du Sud déjà assoiffée.  Sur l’ensemble du continent, l’intensité de la saison sèche pourrait bondir bien au‑delà de ce qui est prévu dans un scénario de réchauffement sans effondrement de l’AMOC.[8][1]

Un risque systémique, pas un simple « phénomène météo »

L’AMOC ne se contente pas de réguler la température : elle participe à la répartition des pluies tropicales, à la hauteur des mers sur diverses côtes, et au fonctionnement de nombreux écosystèmes marins.  Son effondrement aurait des répercussions en chaîne sur l’agriculture européenne, la stabilité des réseaux électriques, la disponibilité en eau et la biodiversité de l’Atlantique Nord.[3][4][7][1][8]
 

L’Islande est allée jusqu’à classer la possible rupture de ce courant comme un risque de sécurité nationale et une « menace existentielle », afin de préparer des scénarios de type « mini‑âge glaciaire » régional, tout en gérant la montée générale du niveau des mers et l’instabilité climatique globale.  Autrement dit, ce qui se joue dans l’Atlantique Nord peut décider du sort des sociétés européennes bien plus vite que ne le laissent entendre les discours rassurants sur la « lenteur » du climat.[11][5][3]

Peut‑on encore éviter le pire ?

Les scientifiques convergent sur un point : la seule façon de réduire le risque d’effondrement de l’AMOC est de couper rapidement et massivement les émissions de gaz à effet de serre, en particulier celles liées aux combustibles fossiles.  Plus le réchauffement est limité, moins la fonte du Groenland et l’apport d’eau douce sont importants, et plus l’AMOC a de chances de rester dans son état actuel, déjà affaibli mais encore fonctionnel.[6][9][8]
 

En bref, le tapis roulant océanique qui rend l’Europe habitable n’est pas un décor immuable : c’est un mécanisme fragile, que l’humanité est en train de dérégler à une vitesse inédite dans l’histoire récente de la planète.  L’ignorer, c’est accepter le risque de voir se refermer, en quelques décennies, la parenthèse climatique exceptionnelle qui a permis à nos sociétés de se développer.[5][3][8]
 

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Les conséquences pour la France

 

Pour la France, un effondrement de l’AMOC serait un changement de climat brutal, à la fois vers le froid extrême en hiver et vers des sécheresses aggravées, sur fond de canicule estivale toujours plus fréquente.  Ce ne serait pas une simple « dérive » du climat, mais un basculement durable vers un régime instable, difficilement gérable pour l’agriculture, les infrastructures et les systèmes sociaux.[1][2][3][4][5][6]

Hivers : retour d’un froid meurtrier

Les études qui simulent un effondrement total de l’AMOC montrent que la France ferait partie de la zone de « refroidissement profond » en Europe occidentale, avec des hivers nettement plus froids qu’aujourd’hui malgré le réchauffement global.  Des modélisations indiquent par exemple que Paris pourrait connaître des minima proches de –18 °C lors d’hivers extrêmes, fréquence au moins décennale dans le scénario étudié.[3][6][1]
 

Un tel froid sur un pays dont tout le bâti, les réseaux et les habitudes sont adaptés à des hivers doux signifierait coupures massives d’électricité, transports à l’arrêt, surmortalité hivernale et coûts économiques colossaux.  En pratique, cela reviendrait à superposer un climat de type Europe centrale des années 1950 sur une France de 2050 densément urbanisée, dépendante du « juste‑à‑temps » pour tout.[7][5][3]

Étés : canicules et sécheresses dopées

L’autre face de la médaille, c’est l’été : le ralentissement ou l’effondrement de l’AMOC favorise des situations de « blocage atmosphérique » au‑dessus de l’Europe centrale et occidentale, qui prolongent et intensifient les périodes sèches.  Une étude récente montre que, à l’échelle européenne, l’intensité des saisons sèches augmente déjà avec le réchauffement, mais bondirait de près de 30% supplémentaires si l’AMOC s’effondrait, avec une aggravation particulièrement marquée vers le sud du continent.[2][4][8]
 

Pour la France, qui subit déjà des épisodes comme l’été 2025 (plusieurs vagues de chaleur et sécheresse à plus de 10 milliards d’euros de pertes), cela signifie des canicules plus longues, des sols plus secs, une disponibilité en eau en chute libre et des rendements agricoles en dents de scie.  Le pays se retrouverait coincé entre des hivers très froids et des étés de type semi‑aride, avec un climat annuel globalement plus extrême que celui d’aujourd’hui.[4][2][3][7]

Agriculture, eau, énergie : le cocktail explosif

Un AMOC effondré impliquerait moins de pluie pendant les périodes cruciales pour les cultures en Europe de l’Ouest, avec une forte diminution des surfaces vraiment favorables aux grandes cultures, phénomène déjà mis en évidence pour le Royaume‑Uni et transposable au contexte français.  Cela forcerait un basculement accéléré des systèmes agricoles vers des cultures plus résistantes à la sécheresse, au prix d’une baisse de production et d’une hausse de la volatilité des prix alimentaires.[5][2][3]
 

Sur le front de l’énergie, demander à la fois plus de chauffage en hiver et plus de climatisation en été, dans un réseau déjà tendu, augmente fortement le risque de black‑out, donc de crises sociales en cascade.  Les plans nationaux d’adaptation français reconnaissent déjà la montée des risques liés aux vagues de chaleur, aux sécheresses et aux pluies extrêmes ; un effondrement de l’AMOC amplifierait chacun de ces périls au point de rendre obsolètes les hypothèses « raisonnables » sur lesquelles ces plans sont construits.[9][3][5]

France : zone tampon… ou zone sacrifice ?

Les travaux sur les « points de bascule » climatiques citent explicitement l’Angleterre et la France comme des régions susceptibles de basculer vers un climat plus froid, plus sec et plus extrême si l’AMOC cesse de jouer son rôle de radiateur océanique.  Dans un tel scénario, la France deviendrait une zone tampon entre un nord plongé dans un hiver à la limite du vivable et un sud méditerranéen menacé par l’aridification et les mégafeux, avec toutes les tensions migratoires et politiques que cela implique.[8][6][10][3][4][5]
 

La vraie question n’est donc plus « quid de la France ? », mais « combien de temps la France peut‑elle continuer à jouer les inconscients climatiques alors que le plancher même de son habitabilité – température, eau, nourriture, énergie – dépend d’un courant océanique en train de vaciller ? ».[6][10][5]

Sources :

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Samedi 6 Décembre 2025

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