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Enquête 2011 : les femmes et la sexualité

27 mars 2012.Les femmes à confesse. Par CATHERINE MALLAVAL

Libido. Répondant à une enquête sur leur sexualité, 3 404 femmes hétéros ont accepté de raconter fantasmes, orgasmes, excitation, mais aussi déceptions. Un article de Libération.fr



Enquête 2011 : les femmes et la sexualité

Désir, plaisir, orgasme… Ou pas. Après une immersion, l’an passé, dans la sexualité de 2 000 hommes, le psychiatre sexologue anthropologue Philippe Brenot, qui dirige les enseignements de sexologie et de sexualité humaine à l’université Paris-Descartes, réitère. En ce mois de mars, place aux femmes. A leurs fantasmes, même baroques («faire l’amour au milieu d’un terrain de football une nuit de pleine lune»), à leur goût pour les préliminaires (80% clament aimer ça), à leurs mots pour dire la montée de l’excitation : «vague» (souvent), mais aussi feu d’artifice, champignon atomique, nénuphar qui s’ouvre…

L’enquête est serrée. L’échantillon, ample. Elles ne sont pas moins de 3 404 hétéros vivant en couple à s’être mises à nu en répondant, cachées derrière leur écran, à un questionnaire en 187 points (1). Bilan ? Un ouvrage de 300 pages truffé de statistiques, témoignages et commentaires, sobrement intitulé les Femmes, le sexe et l’amour, en librairie jeudi (2). Total ? Un petit air fort réjouissant d’épanouissement et de libération après des siècles de domination masculine, sans oublier le plombant primat du phallus de maître Freud…

Alors, heureuses ? Si l’on ne peut que s’inquiéter que 48,8% affirment avoir un jour vécu, dans leur enfance, adolescence, âge adulte, une ou plusieurs émotions négatives intenses (peur, douleur, dégoût…) lors d’activités ou situations sexuelles, le fond de l’air est à davantage de légèreté. Aujourd’hui, à en croire l’enquête de Philippe Brenot, 60% des femmes se trouvent belles ; 67% se trouvent sensuelles ; 74% éprouvent facilement du désir et du plaisir, 32% n’hésitent pas à jouer avec un sextoy, 68% ont essayé la sodomie, qui fut une expérience positive pour 57% d’entre elles… Et elles ont désormais presque autant de partenaires que les hommes (en moyenne 10 dans une vie, contre 14 pour les hommes), quand en 1970 près de la moitié des femmes (46%) n’avaient connu qu’un seul homme : leur mari. Effeuillage sélectif.

Madame rêve…

«Mon fantasme ? Etre attachée et sans défense à la merci de mon homme» ; «j’aimerais que mon compagnon me réveille en pleine nuit pour me faire un cunnilingus ou l’amour» ; «l’un des plus fréquents fantasmes pour moi est celui d’une super soirée restau. Et au moment d’entrer dans notre appartement, il me plaque contre le mur et commence à me chauffer sans rien me dire. En gros, j’aimerais qu’il soit sauvage tout en restant doux.» Selon cette enquête, 71% des femmes confient avoir des fantasmes (27% jamais). Or, à en croire Philippe Brenot, «les fantasmes sont une source intérieure d’excitation certainement nécessaire à une libre sexualité». Mais si la liste de ces attentes imaginaires est longue, il est frappant de constater que l’un des premiers fantasmes rapportés par les femmes met en scène leur compagnon ou leur mari. Certes dans des comportements inhabituels, mais quand même. «Cela évite la culpabilité», décrypte Brenot. Mais les fantasmes de multipartenariat (une façon de jouer à «je te trompe mais tu es quand même là») ne sont pas loin, suivis par le saphisme : «J’aimerais une vraie scène d’amour, mais c’est souvent avec une femme que je l’imagine, car au moins, avec une femme, je sais comment recevoir et donner le plaisir.» Voilà pour les plus fréquents. Soumissions, masochisme, voyeurisme, etc., tous les goûts sont cependant dans la nature. Y compris féminine, ça va de soi.

L’excitation par la… gentillesse

Parfait les fantasmes, mais qu’est-ce qui réveille le désir tout court ? «Lui ! Tout simplement LUIIIII», déclare l’une des sondées. Oui, mais encore ? «Sa gentillesse et ses attentions», répond massivement le chœur des femmes (66%), «son odeur» (65%), «sa taille, son corps, ses muscles» (62%). «On note une intrusion particulière de l’odorat, qui joue aujourd’hui un rôle fondamental, car il participe au désir, mais aussi à l’inhibition des comportements : 25% des femmes disent être gênées et bloquées dans leur désir par des odeurs ou l’absence d’hygiène de leur partenaire», souligne le sexologue. Autres facteurs d’excitation, la voix (49%), l’humour (44%), etc. Et les poils, alors ? Si l’étude hommes a montré combien un homme est sensible à la façon dont sa compagne prend soin de son corps, et notamment à travers l’épilation, les femmes sont nettement plus partagées sur la pilosité masculine : 58% apprécient, 40% n’aiment pas. Elles sont en revanche majoritairement contre (65%) l’épilation du sexe masculin…

Douze minutes de préliminaires


Les préliminaires ? Ça sert, disent-elles, à «préparer le terrain»,«à me préchauffer comme un diesel»,«à nous ouvrir l’appétit», «c’est comme un apéro avant le repas, on peut s’en passer, mais c’est toujours mieux avec…» Voilà en tout cas «une notion très récente, souligne Philippe Brenot. Elle date du milieu du XXe siècle, lorsque les premiers manuels de l’amour conjugal ont pu être diffusés». Il faut croire que l’histoire évolue dans le bon sens, puisqu’à la question «Avez-vous des préliminaires suffisamment longs ?» 70% des femmes répondent «oui». La durée moyenne des prémices ? Douze minutes (les hommes évoquaient, eux, quinze minutes, tiens, tiens…). Encore une évolution notable, selon le sexologue, 60% des femmes disent être plutôt actives lors des préliminaires et 67% ne pas ressentir de pudeur ou de gêne.

Le champignon atomique


«Tel un feu d’artifice qui vient de loin, je le sens approcher et petit à petit une immense vague déferle de mon sexe à ma tête, ou l’inverse.»«Je suis tellement immergée dans le plaisir à la puissance 10 que s’échappe un cri rauque qui me libère» ; «j’ai des papillons dans le ventre, des fourmillements dans les jambes et les pieds, des palpitations dans le vagin.» Ach ! L’orgasme. Celles qui l’atteignent ne manquent pas de mots pour évoquer l’intense. Qu’il ait été déclenché par stimulation clitoridienne, vaginale, anale, etc. Seulement, voilà, si lors des rapports sexuels, l’orgasme est quasi systématiquement atteint par les hommes (dans plus de 90% des rapports sexuels), il ne l’est systématiquement que par… 16% des femmes. 55% déclarent l’atteindre «souvent» lors d’un rapport, 21% «rarement», et 5% jamais. Autrement formulé, cela fait un quart des femmes quasi hors jeu. C’est grave, docteur ? «Depuis les années 2000, on assiste à une injonction à la performance. Et à jouir. Les hommes sont devenus très exigeants là-dessus. Il y a même une sorte de nouveau terrorisme masculin à ce propos. Et cela met les femmes en difficulté. Depuis deux ans, je vois des couples qui se séparent car la femme ne jouit pas.» D’autant plus regrettable que parmi les 3 à 4% qui n’ont jamais ressenti d’orgasme, 62% se considèrent comme «normales». Et que les «plaisirs» de ces femmes anorgasmiques sont multiples («plaisir de jeux coquins, de la fellation, de la masturbation»,«plaisir de me faire lécher les oreilles, lécher et mordiller les tétons», etc.)

La masturbation sans tabou

L’information est de taille : acte longtemps condamné, se «gratter son devant»,«se caresser le berlingot»,«se dorloter le minou» n’est plus une pratique taboue pour la grande majorité des femmes : 68% ont déjà pratiqué la masturbation contre 19% en 1970. C’est dire le chemin parcouru. Elles sont également 87% à estimer que la masturbation masculine est normale. Petit bémol, cependant : la fréquence. Nettement moins élevée que chez les hommes. Là où 42% d’entre eux déclaraient l’an passé se masturber au moins deux fois par semaine, 22,5% déclarent le faire une fois par semaine ou plus, 30,2% quelques fois par mois, et 26% une fois par mois ou moins… Le lieu de prédilection ? Le lit (81,8%), suivi de la douche (24,1%). Mais à chacune ses modalités : «Allongée à même le parquet en demi-cobra» ; «sur mon lieu de travail, en fin de journée, devant mon PC», ou, nettement plus dangereux : «Dans ma voiture, en conduisant sur de longs trajets.»


(1) Etude réalisée du 20 mai au 30 juin 2011, avec l’Observatoire international du couple. Age moyen des femmes : 35 ans (la plus jeune ayant 15 ans ; la plus âgée, 80). Leur niveau d’études est un peu plus élevé que celui de la population générale.

(2) «Les Femmes, le sexe et l’amour, 3 000 femmes témoignent», à paraître jeudi, éd. Les Arènes, 304 pp., 19,80 euros.

Mardi 27 Mars 2012

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