On a souvent l'impression que l'informatique tourne en rond. Depuis quinze ans, le format de nos ordinateurs portables n'a pas bougé d'un iota : un clavier en bas, un écran en haut, et une course effrénée à la finesse. Mais de temps en temps, un objet vient percuter ce train-train technologique avec la violence d'une météorite.
 

Le Huawei MateBook Fold Ultimate Design est de ceux-là. Au-delà de son nom à rallonge et de son allure de bijou noir et or, il pose une question fondamentale qui mérite que l'on s'y attarde : le concept même d'ordinateur portable rigide est-il devenu obsolète ? 

Le paradoxe des 18 pouces

L'argument massue de cet appareil tient en une phrase qui semble physiquement impossible : il offre un immense écran de bureau de 18 pouces, mais se range dans la pochette d'un petit PC de 13 pouces.
 

C'est ici que Huawei réussit son pari. Nous avons tous connu ce dilemme lors de la préparation d'un voyage. Faut-il emporter le grand modèle, lourd et encombrant, pour travailler confortablement ? Ou privilégier le petit ultraportable, au risque de plisser les yeux sur des tableaux Excel minuscules ? Le MateBook Fold supprime ce choix.
 

Fermé, c'est un livre compact, habillé de céramique noire nanocristalline et de fibres de carbone qui flattent la rétine. Ouvert, c'est une dalle OLED flexible de 3,3K qui se déploie sous vos yeux. La technologie "Dual-Layer" de l'écran assure une luminosité et une longévité accrues, balayant, en théorie, les peurs liées à la fragilité des premiers écrans pliables.

L'usage change la donne

Ce qui frappe, c'est la modularité. En mode "bureau", béquille sortie et clavier détaché, vous avez un véritable espace de travail créatif. En mode "PC portable", l'écran se plie à 90 degrés, le clavier magnétique se pose sur la moitié inférieure, et vous retrouvez vos habitudes dans le train ou l'avion.
 

Cette polyvalence pourrait bien signer l'arrêt de mort des configurations traditionnelles pour les grands voyageurs. Avoir 18 pouces d'espace d'affichage dans une simple sacoche change radicalement le rapport à la mobilité. On ne transporte plus un ordinateur, on transporte un bureau entier.
 

Bien sûr, le tarif, qui dépasse celui d'une petite voiture d'occasion, le réserve pour l'instant à une élite. Il faut voir ce produit non pas comme un bien de consommation courante, mais comme une fenêtre sur 2030. Il nous montre que la rigidité du matériel informatique n'est plus une fatalité.

Le jour où l'élève a dépassé le maître

Il est fascinant de comparer cette audace avec la stratégie d'Apple. Il y a dix ans, copier la firme de Cupertino était la règle. Aujourd'hui, en cette fin 2025, la situation est ironique : si l'on veut voir à quoi ressemblera le futur, ce n'est plus vers la Californie qu'il faut regarder, mais vers Shenzhen.
 

Posez un iPhone 17 à côté de ce MateBook Fold ou du téléphone "Tri-fold" Mate XT. Le premier est un rectangle de verre raffiné, certes, mais dont le design fondamental n'a pas bougé depuis des années. Apple semble gérer ses acquis, paralysée par la peur de cannibaliser ses ventes d'iPad. Pendant ce temps, Huawei occupe désormais l'espace mental du "luxe technologique" et de l'innovation radicale.

Merci l'Amérique : Comment les sanctions ont créé un monstre

Mais l'histoire la plus intéressante derrière ce produit est politique. L'histoire jugera sans doute les sanctions américaines de 2019 comme l'un des plus grands "buts contre son camp" de l'économie moderne. En voulant briser les jambes du coureur chinois, Washington l'a forcé à apprendre à voler.
 

L'objectif était d'étouffer Huawei en la privant des services Google et des puces de haute technologie. Le résultat est exactement l'inverse. Huawei est devenue l'entreprise la plus résiliente et la plus verticale du monde.
 

Privés de puces américaines ? Ils ont développé leurs propres processeurs Kirin avec une industrie locale. Privés d'Android ? Ils ont créé HarmonyOS NEXT, un système qui ne contient plus une seule ligne de code américain. En fermant la porte, l'Occident a rendu l'innovation interne chinoise non seulement nécessaire, mais vitale. Ce MateBook Fold est la preuve physique qu'un pays qui refuse de se soumettre finit par devenir plus fort que celui qui voulait le dominer. N.D.L.R : cela ne vous rappelle rien ?

L'Europe : Spectatrice ou vassale ?

Cette résilience chinoise agit comme un miroir grossissant sur notre propre situation en Europe. Alors que Huawei, le dos au mur, a bâti sa souveraineté technologique totale, nous continuons de nous enfoncer dans une dépendance confortable.
 

Nous utilisons des systèmes américains, nous stockons nos données sur des nuages américains et nous suivons docilement les directives politiques d'outre-Atlantique. Si demain les robinets de la Silicon Valley se fermaient pour l'Europe, serions-nous capables de rebondir avec la même vigueur que Shenzhen ? Rien n'est moins sûr.

Le seul inconvénient de ce bijou est son prix, qui est plutôt élevé : il faut débourser au moins 3 400 euros !

Mais, connaissant les Chinois, il est probable que le prix va baisser. Si ce n'est pas le cas, Huawei aura peu de chances de récupérer son investissement dans cet ordinateur exceptionnel. Pour paraphraser Alphonse Allais :