
J’adore cette comédienne, humoriste et auteure française, que j’ai découverte dans la défunte (mais pas de sa belle mort) émission de Charline Vanhoenacker sur France Inter.
J'ai écouté, avec émotion, son interview par Rebecca Manzoni, dans son excellente mission Totémic, toujours sur France Inter.
Pour oublier, pour un temps, ce monde de brutes, je vous recommande chaudement ce moment d’émotion.
L'introduction
Rebecca Manzoni rencontre la comédienne et humoriste Constance Pittard pour son spectacle InConstance qu'elle jouera au Théâtre de l'Atelier à Paris dès le mois de juin puis en tournée dans toute la France.
Elle avait tout pour être heureuse : une kangoo et un thermomix avec toutes les options. Alors quoi ? “Inconstance”, spectacle seul en scène de Constance, soulève le capot de ce “Alors quoi ?”. Alors un burn out, alors un séjour en hôpital psychiatrique et un diagnostic, la bipolarité. Constance joue ce spectacle depuis plus d’un an et au-delà de son récit, elle est déjà dans l’étape d’après : rire de la maladie mentale, une fois qu’elle fut “stabilisée comme elle dit”.
Les débuts au théâtre
Constance a commencé par jouer dans des théâtres de 15 places. Sa tante lui faisait ses costumes. « Je crois que depuis le début de ma carrière et de ma vie, à chaque fois qu’on m’a sortie par la porte, je suis rentrée par la fenêtre. »
Elle tente ensuite le concours du Conservatoire National Supérieur d'Art dramatique auquel elle n'est pas reçue. « Le théâtre était d’une prétention folle. J’ai échoué au conservatoire de Paris. Je me suis dit : je crois qu'ils ne se rendent pas compte de l’erreur qu’ils viennent de faire. »
«J' ai jamais été à la mode » raconte Constance. « Le cul entre deux chaises : entre le théâtre et le café théâtre. » « J’ai commencé par les salles des fêtes, par plein de petits endroits comme ça et parfois, ils venaient pour la première fois au théâtre. »
La comédienne garde un bon souvenir de ces débuts. « Mais voilà, j’ai vécu ma première vie de liberté, de découverte, d’appartement seule, c’est assez magique en fait. »
Quand elle est arrivée à Paris, Constance a eu le sentiment de ne pas avoir les codes. Dire bonjour en entrant dans le métro par exemple.
C'est à la télé que Constance a été repérée. Puis, elle prend le micro sur France Inter chez Charline Van Hoenecker.
Elle écrit 5 spectacles jusqu’à celui dont on parle aujourd’hui « Inconstance ». Et ça commence par la fin. Un trou. La salle qui se rallume. Elle dit “j’arrive pas”. “Inconstance”, raconte les abysses de Constance Pitard. L’hôpital psychiatrique, le diagnostic de la bipolarité enfin posé.
Elle est la première à en avoir fait un spectacle d’humour. « J’ai eu beaucoup de médicaments, beaucoup de faux diagnostics, des joies, des rechutes. Et j’ai écrit tous les jours. J’ai pris des photos. »
L'humour pour parler de maladie mentale
Au-delà du storytelling de la chute d’une femme et de sa résilience, substantif d’époque qui pommade beaucoup de discours, Constance raconte notamment une colère. A tous les pros du développement personnel, en mission pour que vous trouviez la meilleure version de vous-même, elle a cette adresse : “allez tous vous faire cuire le cul”.
Inconstance est un spectacle d’humour où l’on entend cette phrase : “Quand on commence à connaître les pompiers par leur prénom, c’est qu’on est au bout du comique de répétition”.
Sur France Inter, Constance a écrit et joué des chroniques dans l’émission Par Jupiter ! puis “c’est encore nous”. Elle dédiait ses textes à des journées mondiales. Celle de la scie musicale ou celle de la quenouille.
En novembre 2022, elle écrit une chronique sur la journée mondiale de la dépression. Il donne le ton d’Inconstance, le seule en scène qu’elle joue en ce moment.
Inconstance est un seul en scène autobiographique où elle raconte sa chute et son rebond.
Ses tentatives de suicide, ses séances d’aquagym avec frite en mousse rythmée, par le faux enthousiasme d’un prof, qui s’exclame « excellent », quoiqu’il arrive. Et, ce diagnostic posé : la bipolarité.
La voix de Jacqueline Maillan
Constance, comédienne, humoriste est une femme de 40 ans ; qui a choisi d’écouter une collègue née en 1923. C’est Jacqueline Maillan.
Rebecca lui propose d’écouter Maillan dans “Les saisons du plaisir”, film de Jean – Pierre Mocky. Dans la scène choisie, Jacqueline Maillan est une bourgeoise qui est aussi une voix pour un service de téléphonie érotique. Constance réagit: « Quel tempérament, quelle drôlerie. On a envie d’entendre cette voix, cette diction. Je crois que ma grand - mère l’adorait. Le boulevard, c’est comme le café théâtre, c’est pas prétentieux. C’est pas que de l’humour. C’est de l’espoir.»
Le lien vers l’intégralité de l'interview, qui est tout sauf triste.
Je vous conseille de taper Constance sur YouTube pour regarder quelques-uns de ses sketchs. Et, si vous en avez l'occasion, allez voir ses spectacles. Si vous aimez vraiment l’humour et si vous n’êtes pas cul-serré, vous ne serez jamais déçus.