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«L'avenir n'est plus ce qu'il était» [Paul Valéry]

Vive la retraite (Vol II)

 AurelieG
Dimanche 13 Avril 2008

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Bonjour,
Cela m’a fait grand plaisir de lire votre message.
Je suis une JF de 20 ans et partage assez votre vision de la pratique.
Je suis tombée sur votre texte en cherchant à voir si d’autres personnes fonctionnaient comme moi. Je suis jeune, ne suis pas vilaine et il s’agit simplement d’un mode de vie qui m’est très accommodant et je salue votre plume qui est parfois ironique çà et là mais vise toujours très juste.
Je suis d’ailleurs tombée, au cours des mêmes recherches, sur le texte d’une JF qui m’a absolument époustouflée. J’ai même cru que je l’avais écrit moi-même. J’ai hésité et me suis demandé si je ne l’avais fait par une nuit somnambule. C’est moi du début à la fin. Je colle donc le texte ci-dessous car j’aimerais beaucoup discuter avec vous et sans doute sera-t-il bon prétexte pour cela. Je l'ai coupé par endroits en ne gardant que les parties qui me reflètent en tout point. Mais l'intégralité est là http://gendertrouble.org/article68.html )

Google - image.
Masturbation, pas grand chose. 18 images, 3 de masturbations, 3 hommes debout, nus.
Masturbé, 69 images, c’est le bon mot. Les premières images : 15 d’une femme dans toutes les postures imaginables et possibles, nue : exceptés talons aiguilles, face à la glace, par terre. Plus loin, du même ordre et quelques images d’hommes.
A voir, elle prend du plaisir, se touche de partout, fantasme sûrement à l’Homme. Car à qui d’autres pouvons-nous penser. Et ne rien penser, le faire de manière mécanique, impossible. L’orgasme, la sexualité doit être centrale à notre vie. D’ailleurs, ne nous masturbons-nous pas seulement parce que nous sommes en manque, en manque de l’autre bien sur : le Mâle.
Je suis en colère, je suis en colère de ce que l’on fait de la sexualité, du plaisir, de la masturbation. Je veux me révolter contre cette société qui fait second mon plaisir avec moi-même. […] J’entends parler (et je parle) de multiples sexualités/sensualités, de multiples partenaires, mais peu de non-sexualité ou d’une simple masturbation mécanique. […] Parfois je me masturbe juste pour pouvoir mieux dormir, d’autres fois parce que j’en ai envie, et des fois, j’ai la flemme, je dors.
A côté, je n’ai pas de relations sexuelles. Ça ne me manque pas, c’est un choix. Je dors avec des garçons, mais l’idée de me mettre en branle pour avoir du plaisir avec l’autre me décourage. C’est les rapports de domination, susceptibles d’être présents avec l’autre, qui me rebutent. […] Ensuite, en ce moment, je n’ai pas le temps. La sexualité n’est pas une priorité, et la sexualité avec les autres, ça prend des heures.
[…]Actuellement, ma sexualité c’est uniquement du plaisir avec moi-même [...]
A l’inverse, l’affection et le toucher sont capitaux pour moi. Présentement, je vis un peu à l’écart des personnes qui me sont proches, et les prendre dans mes bras, leur faire des bisous dans le cou, ça me manque.
J’ai appris tard à me masturber, vers 20 ans. Toute petite fille, je me donnais du plaisir en introduisant divers objets (phalliques de préférence) dans le vagin. Je trouvais du plaisir, mais je ne connaissais pas l’orgasme. Là, je m’amusais à m’inventer des histoires. J’étais à 9 ans une prostituée faisant jouir les hommes jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus se passer de moi, et là, je les méprisais. Je savais que la plus part des femmes prenaient du plaisir avec le clitoris, moi, il me semblait sans intérêt.
C’est à travers une relation un peu longue avec un homme que j’ai découvert mon clitoris et l’orgasme. J’ai un peu honte de ne pas avoir découvert l’orgasme toute seule, surtout par rapport à mon féminisme. […] J’avais souvent envie de faire l’amour, d’avoir du plaisir, et plus souvent que lui. Dans ces moments, je ne me permettais pas de me caresser devant lui ou à côté de lui, alors que lorsque l’inverse se produisait, il se caressait (avec mon accord). Je me sentais nulle, idiote et surtout dépendante de lui. Ce sentiment m’étant en horreur, j’ai réinvesti ma sexualité par moi-même, jusqu’à trouver bien plus de plaisir avec mes petites mains qu’avec les siennes. Bien que je n’arrive toujours pas à me caresser devant une autre personne, me sentant ridicule d’avoir besoin d’ustensiles pour me donner mon propre plaisir, j’ai l’impression d’avoir (re)trouvé une autonomie dans le plaisir.
[…] Bref, ma socialisation en tant que sexe féminin m’embrumait (et m’embrume encore) et ce texte est l’occasion d’essayer de la dépasser.

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