Taxe Shein : l'immense hypocrisie de l'arroseur arrosé


Panique à bord du navire gouvernemental. L'État français, soutenu par une soudaine et vertueuse indignation médiatique, part en guerre contre la "Fast Fashion". Dans le viseur : les géants chinois Shein, Temu et AliExpress. La solution miracle ? Une opération massive des douanes et, surtout, une nouvelle taxe "anti-Shein" pouvant grimper jusqu'à 50 % du prix du vêtement. Encore une vidéo éclairante de Tatiana Ventose avec son Fil d'Actu.



Image : Gemini 2.5 Pro

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Officiellement, il s'agit de nous sauver. 

On invoque l'écologie, l'éthique (le travail forcé des Ouïghours) et la sécurité de nos chères têtes blondes. Mais comme l'analyse Tatiana Ventôse dans une récente vidéo du Fil d'Actu, cette posture morale cache mal une hypocrisie béante et la gestion désastreuse des cinquante dernières années.
Car enfin, qui a organisé la dépendance de la France aux produits chinois ? 

Ce n'est pas un accident, mais bien le fruit de choix politiques délibérés. Souvenons-nous de la fin des Accords Multifibres (en 1995 et 2005), pilotée par l'OMC, qui a liquidé les protections douanières européennes. Ces élites, qui s'indignent aujourd'hui, sont les mêmes qui ont applaudi des deux mains la délocalisation massive de notre industrie textile. L'emploi français ? Pulvérisé, passant de 432 000 à 108 000 postes en trente ans.
Le plan initial était simple : 

Les grandes marques occidentales (Zara, H&M, Decathlon et consorts) feraient fabriquer à très bas coût en Asie pour revendre avec des marges colossales en Occident. Tout le monde était content... enfin, surtout les actionnaires.
Alors, pourquoi cette panique soudaine ?

 La Chine aurait-elle inventé la pollution en 2024 ? Non. Le véritable "crime" de Shein et Temu, aux yeux du système, est bien plus grave : ils ont "coupé les intermédiaires".
Le monstre de Frankenstein a échappé à son créateur. 

Les usines chinoises vendent désormais directement au consommateur final, sans passer par la case "marque occidentale". Le problème, ce n'est pas que le t-shirt soit fabriqué en Chine – c'est le cas de la plupart des marques "respectables". Le problème, c'est qu'il soit vendu 4 euros au lieu de 25 euros.
Cette vente directe provoque un effondrement des marges 

: pour le capital occidental et, surtout, un manque à gagner colossal pour l'État (TVA sur 4€ au lieu de 25€, ça change un budget). La prétendue taxe morale n'est en fait qu'une "taxe de rendement", destinée à combler les déficits en allant chercher 1,6 milliard d'euros.
Pendant ce temps, on culpabilise le lampiste. 

Le consommateur français, étranglé par l'inflation et la stagnation des salaires, est traité de "complice de génocide" simplement parce qu'il cherche à se vêtir dignement sans y laisser son SMIC. C'est le comble du mépris de classe.
Cette affaire expose la contradiction fondamentale du néolibéralisme : 

après avoir sanctifié la libre circulation des marchandises pour le profit des entreprises, nos dirigeants tentent de rétablir des barrières au nom de la morale, uniquement parce que les flux financiers ne leur profitent plus autant qu'avant. Plutôt que de punir les plus précaires, la seule solution viable serait une réindustrialisation planifiée. 
 

Mais il est visiblement plus simple de taxer un colis que de réparer un demi-siècle de sabotage industriel.


Vendredi 14 Novembre 2025
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