Le recours des administrations à des cabinets d'audit extérieurs

Comme suite à l'article récent de France Soir sur la commission d'enquête du Sénat en cours et les réponses non satisfaisantes du cabinet McKinsey, je vous livre quelques réflexions, moi qui ai exercé toute ma carrière dans l'administration à un poste de responsabilité (agent comptable dans l'Éducation Nationale).



Comme suite à l'article récent de France Soir sur la commission d'enquête du Sénat en cours et les réponses non satisfaisantes du cabinet McKinsey je vous livre quelques réflexions, moi qui ai exercé toute ma carrière dans l'administration à un poste de responsabilité (agent comptable dans l'Éducation Nationale en poste Outre-Mer).

Il apparaît que ce contrat n'a tout simplement pas été exécuté, mais néanmoins dument payé.

Il a été par la suite "réaffecté" à une étude réalisée en vérité en majeure partie par un membre de l'administration, en l'occurrence l'Éducation Nationale.

Voir l'adresse Internet de l'article de France Soir à la fin de cet article.

Bien sûr qu'il existe la plupart du temps dans l'administration elle-même des "ressources" c'est-à-dire les personnes compétentes, qui si elles étaient consultées éviteraient d'avoir à s'adresser à ce genre d'experts extérieurs, privés, donc imperméables à la notion de service public, mais grassement payés. À cet égard, je rappelle que la notion de service public, c'est tout simplement faire passer l'intérêt public, avant le ou les intérêts privés.

- Oula ! Papy, tu es sûr que ça existe encore, ce machin ?
- Un peu, gamin. C'est même le fondement de toute l'administration.

Le problème tient le plus souvent au fait que les personnes très compétentes au sein de l'administration sont rarement "écoutées" et encore moins encouragées par le fléau de l'administration, au troisième millénaire, j'ai nommé la hiérarchie. Qui, elle, a survécu.

En effet, ce genre de rapports internes sur le fonctionnement de l'administration ne manque pas de révéler chaque fois des dysfonctionnements de l'administration, plus ou moins graves.

Si le grand chef de cette administration, à savoir le ministre, qui est un "politique", choisi en général pour des raisons politiques et pas pour des raisons de compétence, souhaite vouloir modifier le fonctionnement de son administration, c'est même une tradition dans l'Éducation Nationale, c'est très rarement le cas des échelons intermédiaires (la hiérarchie) qui déteste qu'on lui mette le nez dans son caca.

Donc, la hiérarchie intermédiaire, c'est-à-dire celle qui est censée "diriger" entre l'expert endémique tout en bas et le ministre, tout en haut, fera le plus souvent tout son possible pour éviter que ce genre de rapport ne puisse faire ce que l'on appelle pudiquement dans ce milieu "des vagues". Tant qu'il est vrai qu'un ministre, ça ne dure pas longtemps. En revanche, un membre de la hiérarchie intermédiaire, il reste en poste à vie.

Et, voilà pourquoi les ministres, ou le chef de gouvernement, ou le président (dans la hiérarchie nationale) préfèrent s'adresser, à grands frais, à des cabinets d'audits extérieurs à l'administration.

À cet égard, on n'oubliera pas que le président affectionne particulièrement les cabinets d'audit (il a même des relations privilégiées et personnelles avec le cabinet McKinsey) et méprise souverainement, tout comme il méprise les "gens qui ne sont rien", les échelons intermédiaires de l'administration.

Administration à laquelle il émarge nonobstant, en sa qualité d'inspecteur des finances.

Mais, administration à laquelle il a rapidement préféré la banque Rothschild, où incidemment, il gagna quelques millions d'euros, qui bizarrement, ont disparu de sa déclaration de biens.

Je rappelle que lors de l'élection présidentielle qu'il remporta il était le candidat qui cumulait le plus de conflits d'intérêts.
Voir sur ce sujet un document très intéressant que j'ai publié sur ce site en 2017

Pour résumer, les compétences existent dans l'administration pour investiguer sur ses propres problèmes. Elles ne pourront cependant véritablement s'exprimer que lorsqu'on aura, enfin, profondément remanié le fonctionnement de la hiérarchie de type pyramidal qui empêche l'administration d'évoluer.

Quant aux audit financiers extérieurs qui coutent la peau des fesses, ils sont tout simplement incompatibles avec la notion de service public. Laquelle, avec des présidents comme Macron,
est de plus en plus menacée.

N.B

Certains diront : qu'est-ce qu'un intendant de l'Éducation Nationale à la retraite peut connaître de ce genre de problèmes ?

Je leur répondrais que ceux qui s'occupent des finances dans une administration, à un échelon de décision qui s'ajoute à l'autonomie financière qui existe dans les établissements du second degré en France, se situent en permanence dans la sphère du pouvoir réel d'une administration.

Pour parler simplement : les finances, dans une administration comme ailleurs, c'est le centre du pouvoir. Et, quelqu'un qui a exercé ce pouvoir, journellement, pendant des décennies, est compétent pour donner son avis sur un tel sujet.

Enfin, sur ce sujet de l'importance des finances dans l'administration en général, et dans la vie en particulier pour ce qui le concerne, Macron aurait du mal à me contredire.


Lire l'article de France Soir ici :



Samedi 22 Janvier 2022
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