Depuis la fin des années 1970, la magistrature s’était péniblement mais inexorablement dégagée de la tutelle du pouvoir exécutif. Les juges d’instruction, chargés des affaires les plus importantes, notamment celles qui impliquaient les politiques, avaient conquis, au fil des affaires, souvent dans des conditions très conflictuelles, leur part d’indépendance. En transférant leurs prérogatives aux procureurs, le système judiciaire fait un bond de plusieurs décennies en arrière. Les juges d’instruction étaient autonomes ; par définition, les procureurs et leurs substituts sont soumis au ministère de la Justice, comme l’a si souvent rappelé Rachida Dati, à la suite de tant de gardes des Sceaux.
Certes la réforme tend à rapprocher le système français de beaucoup d’autres pays démocratiques, qui organisent la confrontation entre accusation et défense au lieu de s’en remettre à un juge d’instruction. Mais dans ces pays le pouvoir politique laisse par tradition la justice suivre son cours. Rien de tel en France. Depuis des lustres, les politiques et la classe dirigeante au sens large nourrissent un désir de revanche sur ces petits juges coupables de se mêler avec trop de vigilance des affaires des puissants. Il y eut des excès ? Certes. On pouvait les corriger de bien d’autres manières, comme l’expliquent tant de juristes.
La solution choisie par le président de la République donne satisfaction aux revanchards. Exit les petits juges : les grandes manœuvres d’étouffement pourront reprendre.
LAURENT JOFFRIN LIBERATION
Certes la réforme tend à rapprocher le système français de beaucoup d’autres pays démocratiques, qui organisent la confrontation entre accusation et défense au lieu de s’en remettre à un juge d’instruction. Mais dans ces pays le pouvoir politique laisse par tradition la justice suivre son cours. Rien de tel en France. Depuis des lustres, les politiques et la classe dirigeante au sens large nourrissent un désir de revanche sur ces petits juges coupables de se mêler avec trop de vigilance des affaires des puissants. Il y eut des excès ? Certes. On pouvait les corriger de bien d’autres manières, comme l’expliquent tant de juristes.
La solution choisie par le président de la République donne satisfaction aux revanchards. Exit les petits juges : les grandes manœuvres d’étouffement pourront reprendre.
LAURENT JOFFRIN LIBERATION
Les grandes manœuvres d’étouffement pourront reprendre
COMMENTAIRES
« Les grandes manœuvres d’étouffement pourront reprendre »
Petit rappel, non exhaustif évidemment, à l’usage de ceux qui auraient rate un épisode :
Depuis 3 ans les fichiers policiers ont augmenté de 70 %
Reprise en main du Parlement
Reprise en main de l'éducation
Reprise en main de la télévision publique
Reprise en main des médias
Unification de la gendarmerie et de la police
Reprise en main de la justice
Et j’en oublie certainement.
Si vous n'avez pas encore compris, notre Napoléon aux petit pieds (c’est exprès !) n'a pas perdu de temps en 3 ans !
On va se retrouver bientôt dans un pays totalitaire avant d’avoir compris !