;
WEB SIDE STORIES- Site personnel de Guy DERIDET
Web Side Storie
WEB SIDE STORIES

«L'avenir n'est plus ce qu'il était» [Paul Valéry]



Primaires, acte II : la desperate housewife Royal veut materner les Français



Primaires, acte II : la desperate housewife Royal veut materner les Français
Excellent article de Lilian Massoulier dans www.agoravox.fr


La Poitevine favorite s’est plus ou moins bien sortie du deuxième débat inter- socialiste d’hier. En égrenant son chapelet de bonnes volontés, elle a affiné sa silhouette de mère parfaite et rigoriste, qui veut adopter la France.

Même chaîne, même décor, mêmes intervenants. On hésite beaucoup avant de se laisser aller à regarder, on se dit que quelques questions bien senties sur le malaise des banlieues, la carte scolaire (un vieux fantasme, ça, la carte scolaire : qui n’a pas rêvé d’entendre la position de Laurent Fabius sur le sujet ?) ou le mariage homosexuel vont forcément mener aux dérapages nos trois candidats de l’Ecole des fans du président de la République. En chantant ses rengaines, ils espèrent tous récupérer sa place. Mais on a beau se forcer, faire un effort sur soi-même (y’a la Coupe de la ligue quand même, un superbe Nancy-Toulouse...), rien ne vient, et surtout pas d’engueulade, pas de grandes envolées. Les questions fusent, et ils n’en finissent pas, tous les trois, de ne pas être pas d’accord.

Comme dans le premier épisode, Fabius est le plus grinçant, disons le moins urbain des trois. Comme dans le premier épisode, Ségolène ne bouge jamais ou très peu la tête pour regarder l’un ou l’autre de ses gardes du corps. Son port de tête ne souffre pas la souplesse. Pas un regard pour DSK ni pour Fabius, alors qu’eux deux, quand elle parle, n’hésitent pas à l’observer, ou quand ils interviennent, à la prendre à témoin. Sans succès, elle les boude, elle les snobe : après tout, ils ne sont pas du même monde de sondages qu’elle ! Comme dans le premier épisode, la litanie l’emporte sur le décisif. Bon, certes, tous marient allègrement et sans hésiter les homosexuels, mais bon, pas de quoi fouetter un électeur de Vendée.

On ira donc pêcher l’essentiel ailleurs. Et l’essentiel, c’est que madame Royal s’est pleinement révélée telle qu’elle est : une sorte de desperate housewife de gauche, et de France, ou plus régionalement du Poitou. Une desperate housewife, mais pas n’importe laquelle : une Bree Van der Kamp, ce personnage de grande rousse rigoriste, froide comme une mise en bière, ronde comme un poisson pané, et gai comme une pendule. Les mots « valeur », « éducation » « respect » « interdits » « limites » fleurissent dans sa bouche plus sûrement que les couronnes dans un cimetière.

Pour Ségolène, tout est question d’éducation. Tout passe par là. Si la jeunesse des cités, qu’on montre le plus souvent bardée de mauvaises intentions, pouvait fréquenter des salles de classe avec un « adulte supplémentaire » entre le professeur et le tableau, alors ils partiraient moins vers le « mauvais chemin ». Pour Ségolène, tout est question de « valeur ». Si la jeunesse des mauvais quartiers, qu’on décrit souvent comme tabassant des policiers à la portière de leur véhicule de fonction, apprenait le soir avant de se coucher les sacro-saintes valeurs familiales, avec papa pour le football et maman pour le crochet, ils ne savateraient pas ainsi les forces de l’ordre. Pour Ségolène, le « respect » est une notion « fon-da-men-tale » (dans le débat d’hier, elle n’a toujours pas laissé de côté sa diction maxillaire), et si les jeunes, toujours eux (à croire qu’il n’y a que des jeunes en France, décrite pourtant souvent, et pas seulement dans les notes des RG, comme un pays de vieux), donc si les jeunes respectaient un peu plus leurs parents, ils comprendraient de même les notions élémentaires et essentielles d’autorité et de loi. Pour Ségolène, enfin, il est important que la famille, le cercle familial, fixe des « limites ». Les limites, pour la cohérente (un mot qu’elle aime beaucoup, aussi, cohérence) poitevine, c’est un peu ce qui peut empêcher le grain naissant de basculer dans l’ivraie, ou du moins de se retrouver, un beau jour, dans un centre encadré par des militaires, ou dans un « chantier humanitaire »... Parce qu’aux injonctions de Fabius qui trouvait la militarisation un peu fort de café, Royal répliqua qu’elle souhaitait que les jeunes délinquants accomplissent pour leur peine quelque « chantier humanitaire » qui leur ouvrirait les yeux sur le monde de brutes que leurs aînés ont patiemment façonné... Fabius a répliqué qu’avec « 48000 primo délinquants par an » (chiffre officiel selon Fafa) il en faudra une pelletée, des « chantiers humanitaires »... Seul moment de rigolade de la soirée.

Bref, si DSK n’a guère dévoilé son jeu (se réservant sans doute pour les débats « off » à venir) et si Fabius n’a pas davantage décollé (même s’il est fier d’avoir placé sa laïcité et son service public), Ségolène, elle, a chaussé les habits très amidonnés de Bree Van der Kamp, une des névrosées de Desperate Housewives qui n’hésite pas « pour lui apprendre les vraies valeurs, l’ordre et le respect » à envoyer son fils en maison de redressement sous prétexte qu’il est gay. Entre autres. Bree est une femme obsédée par les traditions, les interdits, le qu’en dira-t-on, la propreté, jusqu’à la maniaquerie. (Et jusqu’au vice, mais sur ce point-là, on ne s’avancera pas concernant madame Royal.) Bree se justifie constamment en prétextant qu’elle agit en pensant au bien-être de ses enfants, comme Ségolène a affirmé hier qu’elle faisait (et ferait) de la politique « en pensant à ses propres enfants », en se demandant constamment ce qu’elle ferait si ses propres enfants rencontraient de sérieux problèmes dans la vie, de délinquance ou autres. Ce qui serait bon pour sa famille ne pourrait être mauvais pour le pays.

Ségolène se voit maman de tous les Français, à l’écoute de leurs maux, de leurs angoisses et de leurs craintes, et promet de tout faire pour leur donner des réponses « justes ». Ce n’est pas un programme, plutôt une sorte de transfert d’une candidate, qui pourrait bien se désespérer pour de bon en cas de non-investiture.




Samedi 28 Octobre 2006

Lu 4903 fois

Mode d'emploi de ce site | Edito | Humour | Santé | Intelligence Artificielle | Covid-19 | Informatique | Sexualité | Politique | Coup de gueule | Coup de coeur | Voyages | Divers | Télécoms | Ordiphones | Musique | Archives | Bons plans | Belles annonces | Environnement | Partenaires