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«L'avenir n'est plus ce qu'il était» [Paul Valéry]



Sur une échelle de 1 à 10, Vos douleurs c’est combien ?

Un article d'Agoravox qui m'a bien fait rire. En fait c'est plutôt triste mais la façon de le raconter est hilarante. La médecine pour tous est passée par la fenêtre… Et ne reviendra pas. Point !



Sur une échelle de 1 à 10, Vos douleurs c’est combien ?
Chaque matin, la porte claque poussée par un chariot en métal, la lumière plein feu et deux walkyries assaillent les deux patients ; qui sont moi, et un mec de Géorgie parlant pas un mot de Voltaire.

Ca commence de son coté.

Vous avez remarqué que lorsqu’une personne ne parle pas votre langue, et bien un vieux réflexe venant d’au moins de l’âge de fer fait qu’on gueule plein poumon ! Mais alors vachement fort : Monsieur Atachviliiiiii ! Sur une échelle de 1 à 10 Combien ??? Silence. On répète mais encore plus fort, et là, magie, il y a une réponse. « ZEDCV n,KKOL.. ! » 6 ! Etes- vous allez à la selle hier ??? Silence. CACA ! Oui, CACA ! Re-magie, « REV HBVC GFDFg ! » C’est Non, (en Georgien). Pas de selles hier ! Pendant ce temps là, l’autre, la complice a eu le temps d’enfoncer subrepticement un truc dans son oreille, un truc qui fait Bippppp-Bipppp ! (c’est pour la température) et de lui passer au bras le machin étrangleur qui va prendre sa tension tout en faisant des poufs poufs ! Tout cela annoncé comme à la criée de Loctudy un samedi matin – 36.5 ! 12.4 !!! Avec en musique de fond les « ZETDGH, GLJB MKuk ? » et autres barbarismes Georgiens de mon compagnon de chambrette.

Le rideau de séparation s’ouvre à toute volée (à croire qu’elles sont en rogne dès le matin ces toutes belles) ; c’est mon tour et bien sur ça continu de la même tonalité avec moi (vu que l’habitude est prise). Les mêmes opérations/questions sont répétées puissance 120mhz sur ma petite personne, puis, le chariot infernal s’envole dans un claquement de porte (c’est incroyable ce que les portes claquent dans cet hôpital ; (vraiment déconseillé aux cardiaques). Bref ; Essayez de vous réveiller avec ce genre de barouf, et écrivez-moi pour me laisser vos impressions.

Je constate que jamais m’a été posé gentiment (et surtout) calmement la simple question : Comment allez vous ce matin Monsieur Zeter ? Avez-vous bien dormi ? Non ! Un des chars de Rommel est entré dans ma chambre, a balancé ses obus et est reparti faire les mêmes dégâts dans la chambre d’a coté où d’ailleurs, (même avec l’épaisseur du mur) je peux apprécier à sa juste valeur cette jolie bluette matinale.

Il est 7h30. La vie du service de rhumatologie peut commencer… Et puis silence. Jusqu’à 8h30.

Pendant cette heure vous pouvez cogiter sur deux sujets, très présents dans votre espace restreint. La qualité de la lumière au dessus de votre lit ; un néon qui éclaire façon restau chinois bas de gamme, pour lire c’est simple, vous monter le dossier de votre lit au maximum, vous-vous y perchez et ainsi collé tel un papillon de nuit au néon vous pouvez apprécier les pensées de Pascales et autres calembredaines. Le second sujet est LA FENETRE. Comme patient vous pouvez faire joujou avec le volet ; par contre pour ouvrir ou fermer la fenêtre et bien il faut demander au personnel hospitalier la manivelle. Et pourquoi ? Pour les risques de suicide ! Si-si ! Les risques de suicide ! En Rhumato ! Et si vous avez le toupet d’avoir l’air critique. La réponse vient péremptoire et demande pas plus d’argumentation : « On ne sait jamais ! » Wlaff ! Dans les dents du tibia ; « On ne sait jamais ! » Je propose de murer les chambres, car, me concernant je crevais de chaleur. Les volets baissés à cause du soleil en pleine poire et la fenêtre 1 tiers ouverte (c’est le règlement 1/3) – Pas plus. J’imagine en été… Pour ceux et ceuces qui veulent maigrir pour pas cher ; Une bonne sciatique pendant 15 jours et 2 semaines de sauna non stop de 7 à 21 heures, résultats garantis !

Ca y est, le petit dej.

Même chose, la porte s’ouvre à la volée, et sous les hurlements on demande à mon copain d’à coté ce qu’il veut ? Comme il ne comprend rien ces dames lui ont concocté un menu qui se répétera chaque matin, puis c’est mon tour ; comme on me demande ce que je veux d’à partir du couloir, vous imaginez que la jolie dame doit pousser le mégaphone à sa puissance maxi : « Vous voulez quoiiiiiiiiiiiiiiiii Monsieur Zeter ? »

Je dois dire que la bouffe n’est pas mal dans cet hosto ; c’est un peu-beaucoup industriel, mais c’est plus que largement mangeable. Sauf, qu’il ne faut pas louper la dame qui passe et prend vos menus pour les deux jours à venir. Si c’est le cas, au lieu d’avoir les petites choses que vous aimez, je me suis retrouvé à devoir manger des rognons (beurk !), du maquereau (rebeurk) et autres trucs que le cuistot n’avait pu placer…

La mâtiné passe entre la visite du kiné (merci mes jolies dames pour vos massages et bouillottes bien chaudes), les dames qui font les lits et le ménage ; là, selon certaines il y a deux options : vous demandez que votre lit soit changé de ses draps tous les deux jours (ce qui me parait raisonnable, pas la peine de gaspiller) et elles acquiescent ; et l’autre, où la dame en question tel l’adjudant chef de garnison vous dit scrogneugneu : « on change les draps et c’est comme ça ! ». J’ai remarqué dans cet hôpital que plus le personnel en contact avec les malades aurait du essayer de parler, converser, plaisanter un peu, bref, rendre le séjour plus humain, et bien c’était en général ces personnels qui en disait le moins et souvent de façon rêche. Le patient est en général, lorsqu’il n’est pas mourant un être qui s’emmerde et pose un tas de questions les plus stupides les unes que les autres ; les réponses de ces dames venant préparer nos lits, faire le ménage et nous apporter la bouffe sont du style suite à une question du patient crétin : moi vous savez J’suis pas docteur !J’suis pas technicien TV ! Etc
. Vous captez ce que je veux dire ? C’est donc là où le bas blesse. Ce manque de communication aimable qui rend toute communauté vivable ; l’amabilité légère… Que nenni, ici c’est « toi mon bonhomme on va te mater, j’en ai vu des plus coriaces que toi ! » et au moindre mot qui ressemblerait à une critique, c’est… Montée sur de très-très grands chevaux vous donnant le sentiment d’avoir insulté la reine d’Angleterre. D’une susceptibilité navrante qui n’améliore pas les relations ; de plus, comme patient vous-vous choper la réputation d’être l’emmerdeur de service, alors on se passe le mot et vous-vous retrouver presque tout le temps devant un personnel qui vous en dit le minimum. MESDAMES, dans un hôpital il y a les patients gentils mourant, et les autres qui étant là et ayant mal auraient tendance à transférer leurs petites misères sur vous ; si vous en plaisantiez par exemple ; une bonne petite vanne bien placée et en général tout entre dans l’ordre… Le rire étant le propre de l’homme (qui souffre).

Une chambre au CHU se compose de deux lits. Un coté porte, un coté fenêtre. Le premier a tous les inconvénients : lors des visites du lit coté fenêtre vous devez vous farcir la curiosité des membres de la famille qui au lieu de regarder droit devant, vous dévisage, vous, avec votre air de mec pas rasé depuis deux jours, le teint navet et les cheveux graisseux en toupet, et lorsque vous n’avez pas une couille qui dépasse des jolies barbotteuses s’attachant par l’arrière (c’est comme le sketch du K-way de Dany Boon), une vraie perversion costumière. De plus vous êtes au fond de la pièce sombre et devez donc vivre en permanence sous le néon restau chinois à deux balles. De plus et encore plus et là c’est super vicieux ; la TV est installée en face du lit coté fenêtre… Vous me suivez ? C'est-à-dire que tout est fait pour que les deux compagnons de chambres après quelques jours se foutent sur la gueule, car ; si moi ‘coté fenêtre’ et ayant la Tv en face de moi et n’aimant pas la TV (ce qui est le cas, Drucker un dimanche entier au fond de mon lit, NON et NON), mais que le mec ‘coté porte’ aime ça et prend l’abonnement avec les gangsters (j’y reviendrais) qui louent l’engin. Je me dois subir la lucarne infernale sachant que c’est l’autre mec qui a la télécommande. Si au contraire j’aime la téloche, et bien rien ne me force à participer aux frais de location (4.50E par jour) ; ce qui amènera mon voisin à avoir les boulles en se disant que c’est lui le pigeon qui raque. Bref, un sac d’embrouilles en perspective. Heureusement mon Georgien et ben n’y comprenant que pouic, j’ai eu la paix de ondes.

Tient ; parlons-en des gangsters des locations… Au rez de chaussé vous ne pouvez pas les rater. C’est mis en sous-traitance bien sur et je suis certain que la dernière fois que ce marché a été mis en concurrence (vous savez pour offrir de meilleurs services) et ben, Tino Rossi faisant encore la une du top ten.

- La TV- 4.50 par jour, bien sur pas le satellite, un écran timbre poste placé coté fenêtre, une seule télécommande.

- L’internet – 3.50 par jour ; pas de liaison avec skype (ce qui est une blague sachant que vous pouvez communiquer avec vos proches lorsqu’ils ne sont justement pas proche…) Autre dérive, souvent devoir descendre pour réclamer un code que l’on a oublié d’entrer.

- Le téléphone. 2 E en forfait pour recevoir vos appels, 15 centimes la minutes pour des communications locales. L’appareil téléphonique est un truc ressurgie des années 70 ; avec fil en tir bouchon qui s’emmêle et faux contacts qui coupent vos conversations.

Ne parlons pas de ‘l’amabilité’ des employés de cette société, qui vous reçoivent au mieux si vous payez et la fermez ; par contre au moindre mot un peu critique. (Voir ces dames qui s’occupent des chambres) ; l’hôpital doit certainement utiliser le même centre de formation.

Et si par malheur, vous ne pouvez vous déplacer, et bien vous composez le 36, qui, sur voix vocale vous indiquera de rappeler ultérieurement.

Bref, le service mondialement connu et copié dans le monde entier ; le service à la française tout en sourires et amabilités… Le client est rouaf !

Pour en finir. La visite vers midi (lorsque vous êtes en plein déjeuner) du big boss ou grand sachem avec son aréopage d’internes, externe, étudiants poils aux dents.

Le mien de bige boss je l’aime bien, il parle à une vitesse supersonique, qu’on en entend le Braoum ! Du passage du son. Autour de lui certains, certaines opinent du chef l’air absorbé. Lui, et ben il y va à fond les manettes. On sent quant même une sacrée hiérarchie là dedans, ça a pas l’air cool. Chacun à sa place à se demander si les bonnes blagues de carabins et autres déconnades d’étudiants sont passées de vie à trépas. Mais bon, j’dois être un nostalgique à hernie discale (maladie dont souffle énormément les DJ)

La grande question que j’ose me poser. Les professions médicales ne vont-elles pas, pas à pas vers un système seulement de distribution médicamenteuse ? Où « l’humain » a de moins en moins à voir ; ou le patient est un client représentant une somme d’argent qu’il faut optimiser comme des actions du CAC40 ? Les lits de mini entreprises hôtelières où il faut que « ça tourne » ?

Bref, après trois semaines je sors avec un mal de chien, mais je sais qu’une hernie discale se soigne dans le temps, qu’il faut protéger son dos, car, lorsque les merdes arrivent ça fait un mal pas possible pouvant aller jusqu’à la petite chaise à deux roues.

De toute manière cela a été une expérience positive, où j’ai vu beaucoup de gens de bien exécuter leur travail avec application et générosité. Je les admire, car l’hôpital comme le reste devient une maison des courants d’air, ou chaque patient chasse l’autre, sous tutelle de rentabilité. Foutons dehors les cranes d’œufs, les gestionnaires et autres managers de mes deux, et remettons les clefs de la médecine aux médecins, aux infirmières, assistantes de soin, brancardiers, personnels d’entretien et de nettoyage. Foutons aussi un grand coup de pied au cul à l’industrie pharmaceutique, ces voleurs.

Vous, VOUS tous du CHU je vous remercie du fond du cœur de m’avoir supporté durant ce temps ; toutefois j’aurais aimé qu’une seule fois un toubib ou autre personnel de santé entre dans ma piaule et me balance une vanne carabine :

- Un type consulte son médecin un soir d'hiver. Le médecin l'examine et lui annonce : Tu n'as plus que 2 mois à vivre. Le type répond : OK, je choisis juillet et août !

LOL ! Pimpon ! Et cætera.

Vendredi 13 mai, jour de ma sortie…

Et là hélas, le 13, le bien nommé. Je vais aux admissions pour m’occuper de ma sortie ; les papiers à remplir et tout ça… Ho ! Le choc ! Je dois débourser 3.994E et 81 centimes ; ouais les amigos ! Presque

4000E ! Pour 21 jours d’hospitalisation.

Le détail est ; 153E par jour pour de ticket modérateur + 20E de forfait journalier. « Les services » fournis étant :

- 3 repas par jour, 5 distributions de nombreux médicaments, une IRM, une aiguille dans le bas du dos pour une injection d’anti inflammatoire… Et Basta. Tout ça facturé presque 20.000E à la sécu. A ce prix là ce devrait être champagne, caviar, bimbos et danse du ventre tous les soirs à tous les étages, avec retour en hélico, Non ?

Comme je n’ai pas de mutuelle, et que mon cas n’a pas nessecité d’opération – là, j’ouvre une parenthèse : le mieux pour soigner une hernie discale est une injection dans le bas du dos, il faut plusieurs semaines pour que ça marche ou pas. La chirurgie doit venir en dernier recours de par les risques de charcuter si près de la moelle épinière ; risques de paralysie ou de mort.

Donc, si j’avais insisté pour une opération et j’en avais le droit, le chirurgien tout en me mettant au parfum des risques, m’aurait opéré, et Voili-voilou, c’était gratos ! M’expliquer la logique m’aiderait beaucoup à comprendre… Une infirmière m’a même soufflé dans le fond de ma zoreille que si j’avais été en clinique privée j’étais opéré d’office (faut que le bloc opératoire tourne bordel !) et donc, TOUT GRATOS !

Je m’en va avec les boulles grosses comme ça au moins ! Et ça continu : 15E de taxi ambulance pour 3 km, et 25E de médicaments (pour une semaine) car je n’ai toujours pas de Mutuelle. Pour tout arranger, du fait que j’ai loupé la rentrée j’ai potentiellement perdu mon job de prof vacataire (mon contrat s’arrêtait le 22 avril, juste avant les vacances de Pâques – car l’éduc-Na ne veut pas payer ses remplaçants pendant les congés). Je n’ai pas droit au chômage car il me fallait 200 heures (200 heures est aussi le nombre d’heures maxi que peut donner un prof vacataire par an), c’est bien foutu tout ce bazar ! Bravo les zénarques d’avoir fermé toutes les options. Pas étonnant que seulement les rufians/arnaqueurs de tous poils s’y retrouvent dans ce système et peuvent en tirer profit. Un bon con comme moi n’a qu’à crever. On m’a tout de même dit que le CHU faisait des facilités mensuelles pour rembourser ces 4.000E… Je me MARRE !

Oilà ! Viva la France, ses veaux et ses Enarques !

Georges Zeter/le père siffleur/Mai 2011


PS : Je veux souligner que ce « papier » n’est pas là pour faire larmoyer dans les chaumières ; c’est simplement le témoignage d’une personne, (moi en l’occurrence) qui se veut raconter de vivo les dérives d’un système à bout de souffle ; toutes ces aberrations et inhumanités seulement générées par les Dieux GESTION/ MANAGEMENT/PROFITS.

Et qu’au moins ces trois semaines puissent, s’il en était possible ouvrir les yeux aux derniers désinformés qui ne savent pas qu’aujourd’hui, en France, la médecine pour tous est passée par la fenêtre… Et ne reviendra pas. Point !

PS -Bis : je vous parlerai bientôt de mes deux soirées aux urgences ; ça vaut son pesant...

par Georges ZETER dit GéZé - Le Père-Siffleur


Mardi 17 Mai 2011

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