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«L'avenir n'est plus ce qu'il était» [Paul Valéry]



Pour l'apocalypse attendre lundi

Un édito et un article d'Arrêt sur Images sur un sujet, le hold-up de la troïka sur les dépôts bancaires à Chypre, qui n'a pas fait la une des journaux alors qu'il risque de changer beaucoup plus de choses que le bon pape François.



On ne saurait mieux dire !
On ne saurait mieux dire !

 

Peut-être est-ce le début d'un détricotage final, et accéléré, de l'euro. Peut-être pas. Le problème de l'avenir, comme aurait pu dire Pierre Dac, c'est qu'il n'est pas encore advenu. Mais le plan européen de "sauvetage" de Chypre (dont nous vous racontons tous les détails ici ) est en tout cas un de ces événements saisissants, dont on pressent immédiatement qu'ils peuvent faire basculer l'Histoire. Un impôt prélevé brutalement, et pour la première fois, sur les comptes bancaires des déposants, petits et gros, sous pression de la Troïka: sans même se prononcer sur la légitimité, ou non, de cette mesure plus complexe qu'il y parait, et dont on débat ardemment dans nos forums (un racket ? Un hold up ? Une mesure finalement plus juste qu'une ponction sur les salaires ?) peut-être qu'il n'en faudra pas davantage pour déclencher au Sud de l'Europe le fameux "bank run". Vous savez, cette ruée vers les banques que l'on attend depuis le début de la crise de la dette, comme les Californiens attendent le "big one", dans un mélange d'anxiété et d'excitation, et qui donnera le signal du sauve-qui-peut général. Bref, pour l'UE, c'est peut-être le vrai commencement de la fin. Et peut-être pas.

Quoi qu'il en soit, l'événement aura démontré, une fois de plus, la prodigieuse capacité de léthargie du système médiatique français, notamment en période de week-end, à commencer par la chaine phare du service public, France 2. Rugby, inauguration présidentielle d'un pont à Bordeaux, et un long sujet sur le violon de l'orchestre du Titanic, enfin retrouvé d'on ne sait où: samedi soir, pas un mot sur le sujet, alors que mille questions se posaient. Ce Delahousse ! Il serait capable de voir une guerre mondiale débuter sous ses yeux sans cesser de nous sourire jusqu'au fond des yeux, si ce n'est pas prévu à l'agenda. Ce doit être une grande qualité.

Beaucoup seront tentés d'expliquer ce silence par un refus d'affoler les télespectateurs. Si seulement c'était l'explication ! On pourrait alors discuter de toute une série de questions nécessaires: comment, en effet, informer sans affoler ? A partir de quand la volonté de prendre son temps bascule-t-elle en pur et simple délit d'initiés ? Mais pour être machiavélique, encore faut-il avoir un cerveau. Chypre, c'est loin. C'est petit. Tout petit. Ce ne peut pas être sérieux, tout au moins pas aussi sérieux que le violon du Titanic. Pour l'apocalypse, repassez lundi.

  Daniel Schneidermann

 


Pour l'apocalypse attendre lundi

LA TROÏKA TAXE LES COMPTES BANCAIRES À CHYPRE : INQUIÉTUDE DE LA PRESSE EUROPÉENNE


(Mais les médias français n'ont rien vu)
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Même si la presse française du week-end est particulièrement discrète sur le sujet, les conditions posées par la Troïka au plan de sauvetage de Chypre font l'objet de nombreux commentaires dans la presse européenne.

L'Union Européenne (UE), la Banque Centrale Européenne (BCE) et le Fonds Monétaire International (FMI) acceptent de prêter 10 milliards d'euros à Chypre, mais le prêt est accompagné d'une taxe exceptionnelle (6,75% à 9,9%) sur l'argent déposé sur tous les comptes bancaires du pays. L'opinion publique chypriote est choquée, et le Parlement traîne les pieds pour voter le projet de loi validant cette taxe. Une réunion prévue dimanche matin a été reportée au lendemain.

Le président de la République devait s'adresser au pays dimanche, et le Parlement devait voter le projet taxant les comptes bancaires exigé par l'UE, la BCE et le FMI (la troïka qui va prêter 10 milliards d'euros à Chypre) en séance extraordinaire aujourd'hui. Mais faute de majorité le président (son parti n'a que 20 des 56 sièges du Parlement) a préféré tout remettre à lundi.

Cette taxe exceptionnelle devrait permettre à l'Europe de ne prêter qu'une partie des 17 milliards demandés par Chypre.

Journal

A la demande de Chypre, un projet de loi doit être débattu au Parlement chypriote pour être validé avant la réouverture des banques mardi matin explique le quotidien  PhileleftherosCe projet prévoit que tout compte actif dans une banque de l'île samedi paie une taxe spéciale : 6,75% pour les montants inférieurs à 100 000 euros, et 9,9% au delà.

Alors que les banques étaient fermées pour le week-end, comme d'habitude, et qu'elles le seront demain lundi qui est un jour férié, certains Chypriotes tentaient de retirer de l'argent dans les distributeurs. Mais cela ne changera rien, car le montant de la taxe est déja bloqué sur chaque compte, selon le gouvernement.

Le quotidien Politis estime que 50 000 épargnants britanniques sont touchés par cette mesure, et qu'il n'est pas sûr que le parlement allemand donne son accord pour ce plan de sauvetage même s'il est douloureux pour Chypre

picto L'information est à la Une de Politis qui montre Angela Merkel tondant le président chypriote, tandis que Christine Lagarde, patronne du FMI brandit une paire de ciseaux.

 

Cette taxe devrait rapporter un peu moins de 6 milliards selon le ministre hollandais des Finances, Jeroen Dijsselbloem, élu en janvier 2013, président de l'Eurogroupe (qui réunit les 17 ministres des Finances des états membres de la zone euro), sous la pression de l'Allemagne, car le gouvernement des Pays-Bas est favorable à la rigueur à l'allemande. Le montant de la taxe devrait servir à la recapitalisation du système bancaire, au bord de la faillite.

Le nouveau président chypriote, Nicos Anastasiades (66 ans, conservateur élu le 24 février dernier, avec plus de 57% des voix), est rentré de Bruxelles samedi soir, en expliquant dans un communiqué qu'il n'avait pas d'autre choix pour sauver le système bancaire du pays dont les deux plus grandes banques ont perdu plus de 4 milliards dans la crise grecque. Le projet de la loi taxant les dépôts prévoit une peine montant jusqu'à trois ans de prison, et 50 000 euros d'amende pour ceux qui essaieraient d'échapper à cette taxe.

Le Financial Mirror quotidien économique publié à Nicosie, estime que cette taxe a été instaurée sous la pression de l'Allemagne et des Pays Bas  choqués par le montant des sommes déposées par des Russes à Chypre, qui permettrait à des oligarques russes de blanchir des fonds d'origine douteuse. La moitié des fonds dépassant 100 000 euros appartiendraient à des Russes. En outre, à la demande de la troïka, le montant de l'impôt sur les sociétés passe de 10 à 12,5%.

L'éditorial du Cyprus Mail estime  que ce plan de sauvetage va, en fait, "détruire l'économie". Il rappelle que le président dans son discours d'investiture avait déclaré qu'il n'était pas question de toucher aux dépôts des banques chypriotes. Le ministre des Finances Michael Sarris avait dit la même chose, en ajoutant que l'Union européenne n'aurait pas la folie d'imposer une telle mesure qui risquerait de menacer l'équilibre de la zone euro. Mais "L'Allemagne et les dirigeants de l'Eurogroupe ont opté pour cette folie, calculant que Chypre est trop petite et sans conséquence pour que ce prélèvement sur ses dépôts bancaires puisse provoquer la contagion dans la zone euro" et affoler les marchés.

 

El Pais

"L'Union Européenne oblige les épargnants chypriotes à payer une partie du sauvetage" titre à la Une le quotidien espagnol El Pais.

"Même s'il s'agit de la plus petite économie de la zone euro avec seulement 0,2% du PIB, la cure imposée à Chypre risque de provoquer une fuite des capitaux. (...) La peur de la contagion est là."

Dans un deuxième article, El Pais souligne que les Chypriotes ne sont pas les seuls touchés, loin de là :40% des dépôts bancaires chypriotes appartiennent à des étrangers. Des milliers de Grecs avaient transféré leurs économies pour échapper à la crise de leur pays, ainsi que des Britanniques et des Chinois.

Sans oublier que 25% des dépôts sont aux mains de Russes qui représentent, par ailleurs, 30% des investissements étrangers dans le pays. En 2011, le gouvernement chypriote avait obtenu un prêt de 2,5 milliards d'euros de la Russie.

El Pais ajoute que Chypre joue un rôle stratégique face à la crise syrienne, avec deux bases militaires britanniques sur son sol, et plusieurs ports qui accueillent des bateaux de guerre russes.

Le quotidien remarque en outre qu'Angela Merkel a soutenu la candidature d'Anastasiades, actuel président de la république, lors de la récente élection présidentielle.

 

 

"C'est la panique alors que l'Union Européenne s'en prend aux comptes des épargnants britanniques" "60 000 citoyens britanniques perdent des millions dans l'euro crise chypriote" titre l'édition dominicale du Daily Mail.

Le quotidien populaire britannique cite la Banque Centrale Européenne  qui estime que les Britanniques ont près de 2 milliards d'euros, sur les 68 milliards d'euros déposés, au total, dans les banques de Chypre, et qu'ils pourraient perdre près de 200 millions d'euros.

Un des 3 000 soldats britanniques basés à Chypre pense qu'il va perdre 4 000 euros.

Le Daily Mail note que jamais les déposants, l'homme de la rue, n'avait été directement visés par la rigueur en Europe, mis à part, une taxe de 0,06% levée en Italie dans les années 90 pour soutenir la lire.

Le gouvernement britannique envisagerait de compenser les pertes de ses fonctionnaires et de ses militaires basés à Chypre.

Mail

 

L'annonce de cette taxe surprend, ce dimanche, le monde financier, et les pays du Golfe qui investissent beaucoup en Europe. Exemple dans les Emirats Arabes Unis, où Gulf News écrit sous une photo du ministre des Finances chypriote, "que toucher à l'argent des déposants dans les banques risque de briser la confiance des investisseurs dans les autres pays en difficulté de l'Eurozone."

Même étonnement pour le Koweit Times (ci-dessous à droite) qui titre "Chypre choquée par l'accord de désendettement dans l'Euro-zone"

Gulf News Koweit

La crise chypriote n'avait, dimanche matin, que peu d'écho en France. Samedi soir, le journal de 20 heures de France 2, par exemple, n'en a pas dit un mot.

observatoire le 17/03/2013 par Gilles Klein



N.D.L.R


Si l'euro se casse la gueule grave dans les jours qui viennent vous saurez pourquoi.

Ce qui est effrayant, c'est que même après avoir reconnu récemment ses (graves) erreurs passées (juste une petite erreur de calcul)  la Troïka persévère dans l'erreur.

C'est à se demander s'il y a un pilote dans l'avion, ou plutôt qui dirige effectivement le pilote. 

Mais ce qui est sûr, c'est que pour être informé il vaut mieux regarder Internet que les médias traditionnels.

Lundi 18 Mars 2013

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