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«L'avenir n'est plus ce qu'il était» [Paul Valéry]



Faut-il oublier pour être heureux ?

Une courte chronique de Thibaut de Saint Maurice, dans l’émission "Grand bien vous fasse" sur France Inter qui m'a permis de comprendre pourquoi je suis doué pour le bonheur. Merci à Thibaut et surtout à Nietzsche !



Faut-il oublier pour être heureux ?
J'ai remarqué depuis longtemps chez moi une facilité assez peu commune à zapper tout ce qui concerne mon passé.

La plupart des gens, après un beau voyage, lorsqu'ils rentrent chez eux, aiment se remémorer leur voyage. Moi, jamais !

La plupart des gens aiment, ou détestent, se souvenir de leurs amours passées. Moi, jamais !

La plupart des gens âgés (j'ai 70 ans) adorent remuer leurs souvenirs. Moi, jamais !

J'avais depuis longtemps le sentiment que l'on vieillit lorsqu'on commence à beaucoup se souvenir. Moi, jamais !

J'avais le pressentiment que cette faculté de zapper sans effort, naturellement, le passé était une bonne chose pour moi. Je savais qu'elle expliquait en grande partie la seule qualité que je me reconnaisse sans modestie aucune, à savoir ma capacité de m'adapter très rapidement à pratiquement tout, à l'exception de la connerie.

J'ai fait des études passionnantes de sociologie et, par la force des choses, car il était difficile dans les années 70 de trouver un emploi avec un tel cursus, je suis devenu fonctionnaire dans l'administration de l'Éducation Nationale, aux services financiers (!) puis dans l'intendance. Cela a été dur au tout début, mais je me suis adapté, j'ai quitté le Rectorat où une "belle" carrière m'attendait après quatre années seulement d'activité pour me faire muter à Fort de France, aux Antilles où je suis resté 15 années.

Aux Antilles j'ai quitté le Rectorat pour devenir agent comptable des Îles du Nord (St Barth et St Martin).

Moi qui était littéraire et n'avait jamais vu qu'une trieuse à cartes au rectorat, j'ai été certainement un des premiers intendants (dans les années 80) à acheter un ordinateur et à informatiser, seul, sans Hot Line, la comptabilité de mes 3 établissements avec un logiciel américain Dac Easy (!).

L'informatique est devenue chez moi une passion qui, plusieurs décennies après, ne m'a jamais quitté. A laquelle s’est ajoutée depuis 20 ans déjà, la passion des smartphones, autrefois dénommés pdaphones.

Je peux même dire que grâce à l'avance que j'ai prise, en solitaire, dans l'informatisation de ma gestion comptable, j'ai pu rapidement effectuer mes tâches d'agent comptable, quasiment à mi-temps. C'est à dire que mon boulot d'agent comptable était terminé à midi et que je pouvais passer l'après midi à faire ce qui m'intéressait vraiment, à savoir : informatiser plus encore mon job, faire de la formation, rechercher de nouveaux outils, bien connaître Internet, faire de la veille technologique dans le domaine des nouvelles technologies etc.

Autrement dit, grâce mon immersion dans les nouvelles technologies dès leur début j'ai pu faire de mon nouveau métier de gestionnaire comptable, un plaisir. Dans le sens où mes tâches pénibles et répétitives étant assurées par les ordinateurs, grâce à ma qualité d'acheteur public sein de mon établissement, j'ai pu procéder très tôt à l'acquisition de nombreux ordinateurs, imprimantes laser, scanners, pdaphones, smartphones, qui ont bénéficié à l'ensemble des profs et élèves de mes établissements, ainsi qu'à mes collègues fonctionnaires, et accessoirement à moi même.

Je puis vous assurer que participer très activement au passage aux nouvelles technologies d'une administration aussi vieillotte et, on peut le dire, aussi hostile généralement à ce changement, qu'était à l'époque l'Education Nationale, fut une tâche fort prenante, mais ô combien passionnante.

J'ai été marié, très jeune, deux fois quinze ans et j'ai eu deux fois deux enfants (mon aîné à 48 ans, le cadet 28). Je suis célibataire depuis 20 ans et je n'ai jamais été aussi bien dans ma peau.

J'ai vécu à Bordeaux jusqu'à mon premier poste au rectorat de Rouen, à 27 ans, et j'ai passé quasiment le reste de ma vie Outremer, 11 ans de Réunion après les Antilles, et à l'Étranger à la retraite, 7 ans en Thaïlande et depuis un an en Crète.

Grâce à ma faculté de zapper le passé, J'ai "absorbé" tous ces changements sans absolument aucun problème. A 70 ans, je suis encore disponible pour n'importe quel changement. Sauf conjugal toutefois, car mon long et heureux célibat m'a confirmé que je ne suis pas fait du tout pour vivre à deux. A cet égard, il me semble que ma faculté de zapper le passé ne fut pas pour rien dans mes difficultés conjugales d'antan. Les femmes, en effet, supportent très mal un homme qui n'a pas de mémoire affective et zappe trop facilement le passé.

Nietzsche, par le truchement de cette émission de France Inter, m'a donc confirmé que cette mémoire "affective" n'est pas propice au bonheur. Pour Nietzsche, l’oubli est un signe de santé. Il fait de cette faculté une fonction vitale. Il précise également que la mémoire est une invention de la morale. Quand on est doté de cette faculté aussi primordiale qu'est l'oubli, je confirme qu'on a très peu tendance à se préoccuper de la morale sociétale.

Avec une confirmation aussi imposante que celle de Nietzsche, plus je vais avancer en âge, plus je vais désormais m'attacher à entretenir, et même à cultiver cette faculté.

Comme le disait Ingrid Bergman, de façon un peu plus accessible que Nietzsche : "Le bonheur, c'est d'avoir une bonne santé et une mauvaise mémoire »

J'ai la chance de remplir ces deux conditions et d'avoir beaucoup travaillé à les conserver. Je suis donc effectivement un homme très heureux.

Je dirais même que, grâce à ces deux dispositions, à la fois innées et très travaillées, jusqu'à ce jour, plus les années passent, et plus je suis heureux.

Je sais bien que la vie est courte et qu'elle finit mal, mais d'ores et déjà je sais que si demain je vois arriver ma mort je pourrais me dire que je n'aurais rien à regretter, et que ma vie aura vraiment été, jusqu'à ce jour en tous cas, une agréable partie de plaisir.


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Vendredi 19 Mai 2017

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